Le parquet bulgare adressé jeudi une demande de coopération judiciaire à la France concernant Atanas Chobanov, rédacteur en chef du site indépendant bulgare d’investigation Bivol.bg, accusant ce résident français d’avoir bénéficié de ces fuites.
Bivol.bg, qui n’a pas publié d’informations issues de ce piratage qui a affecté la quasi-totalité des contribuables bulgares, a formellement démenti ces allégations.
L’Institut international de la presse (IPI), une ONG basée à Vienne, a appelé vendredi Sofia à annuler sa démarche, la qualifiant de « prétexte pour faire taire Bivol, un média qui a publié plusieurs enquêtes révélant des détournements de fonds européens et des cas de corruption gouvernementale ».
La branche bulgare de l’Association des journalistes européens (AJE) a également appelé la France à refuser de donner suite à la demande de Sofia, s’inquiétant du risque de voir Bivol subir « des pressions illégales et disproportionnées » pour révéler ses sources.
« Ceci risque d’avoir un effet direct sur leur activité professionnelle et plus généralement un terrible effet d’auto-censure pour l’ensemble des journalistes », a estimé l’AJE dans un communiqué.
Un informaticien de 20 ans ainsi qu’un cadre et le propriétaire de l’entreprise de sécurité informatique pour laquelle il travaille ont été arrêtés à Sofia et inculpés de « cyber-terrorisme » après l’envoi le 16 juin de millions de données fiscales piratées à des médias bulgares.
Le message électronique adressé aux médias s’accompagnait de remarques désobligeantes à l’adresse du gouvernement dont il qualifiait la cybersécurité de « parodie ». Le parquet a dénoncé une opération destinée à « déstabliser le gouvernement ».
Site de référence en Bulgarie associé au Consortium international des journalistes d’investigation, Bivol s’estime dans le collimateur des autorités après avoir révélé de nombreuses malversations impliquant le pouvoir. Le pays est la lanterne rouge de l’UE en terme de liberté de la presse, avec une 111e place sur 180 au classement de Reporters sans frontières.