Caution record de 1,245 M EUR pour l’armateur allemand du chalutier retenu à Cherbourg

Le procureur de la République avait requis, lors de l’audience à huis clos, une consignation de 1,2 million d’euros à l’encontre de l’armateur allemand, la Westbank Hochseefischerei GmbH, pour permettre au navire de quitter Cherbourg, en attendant d’être jugé sur le fond, vraisemblablement en mars selon le parquet.

« 1,245 million pour une petite erreur administrative, c’est pas normal », a réagi, après la lecture de la décision, Diederik Parlevliet, le pdg de la maison-mère néerlandaise Parlevliet & Van Der Plas B.V, qui a assisté à l’audience au côté du capitaine du chalutier.

Il a également déclaré « réfléchir » à un éventuel appel de cette décision, pour lequel il dispose de cinq jours.

Le procureur de la République de Cherbourg Eric Bouillard avait précisé à l’AFP que le montant de la caution requise correspondait à la valeur estimée de la cargaison frauduleuse, soit 1.585 tonnes de poisson sur un total de 4.000 tonnes à bord.

L’avocat de l’armateur, Me Bruno Khayat, a plaidé lors de l’audience la nullité de la procédure et la « bonne foi » de son client, estimant qu’il n’y avait eu « aucune intention de fraude ».

Le fait, selon lui, que son client ait déclaré avoir utilisé deux types de filets dans la même campagne de pêche – alors que cette pratique est prohibée – « prouve » qu’il ignorait cette interdiction, a-t-il indiqué à la presse.

Pour le procureur de la République en revanche, le chalutier « n’a pas déclaré ces changements de filets comme il devait le faire ».

Appréhendé mercredi au large d’Antifer (Seine-Maritime), le Maartje Theadora, un navire de 141 mètres de long avec 57 personnes à bord, a été dérouté vers Cherbourg où il fait l’objet d’une saisie de la part de la Direction départementale de la mer.

Le chalutier est suspecté d’avoir commencé à pêcher du maquereau, comme il l’avait déclaré, puis de s’être mis à pêcher du chinchard sans le signaler. Les enquêteurs cherchent la raison de cette dissimulation présumée.

Il lui est en outre reproché d’avoir combiné deux filets de pêche pour augmenter ses prises.

Après le délibéré qui a duré plus de trois heures, Me Bruno Khayat a affirmé que, le bateau étant bloqué depuis 6 jours, « le million d’euros on l’a payé ».

Il « nous coûte 150.000 euros chaque jour quand il ne pêche pas », a expliqué Diederik Parlevliet.

Selon Me Khayat, l’Etat réclame de l’argent car il ne sait pas quoi faire de l’immense cargaison congelée. Selon une source judiciaire, « la criée de Cherbourg n’aurait eu la capacité que de traiter la moitié de la cargaison ».

Pour l’association écologiste Greenpeace, qui s’est portée partie civile, la décision rendue par le juge des libertés est « plutôt encourageante », a estimé François Chartier, chargé de campagne « océan ». « Mais au-delà de ce bateau, il est urgent de régler le problème des surcapacités de pêche », a-t-il ajouté.

Selon Greenpeace, la cargaison frauduleuse est comparable à la quantité de poissons pêchés en un an à Cherbourg par les pêcheurs de la ville.

Le propriétaire du chalutier géant, l’Allemand Westbank Hochseefischerei GmbH, est une filiale à 100% de l’armateur allemand Doggerbank Seefischerei GmbH, elle-même filiale du néerlandais Parlevliet & Van Der Plas B.V.

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