CE à la SNCM: la direction retrouve des syndicats inquiets

Ce plan « est une évolution indéniable (…) il y a de bons côtés, de mauvais côtés », estimait vendredi Camille Abboche, secrétaire général adjoint de la CFTC marins, au lendemain du conseil de surveillance qui a validé le plan de sauvetage.

Le projet prévoit la suppression de 500 postes dont 415 dès l’an prochain (sur un effectif de 2.595 personnes). Environ 160 départs volontaires doivent intervenir parmi le personnel à quai et 34 parmi le personnel naviguant, plus 221 CDD non renouvelés parmi les naviguants. Il y aura 100 autres départs volontaires entre 2017 et 2019.

Il pose cependant les bases du renouvellement des navires, dont deux en 2016 et 2017 et deux en 2018, « en fonction de l’évolution des résultats », selon le PDG Marc Dufour. La flotte devrait être ramenée à 8 navires en 2014 contre 9 actuellement.

Le projet se situe ainsi à mi-chemin entre les hypothèses extrêmes évoquées ces derniers mois. En avril, la possibilité d’un renouvellement rapide de la flotte avec quatre nouveaux navires avait été proposée. Début juin, une autre version, inacceptable pour les syndicats, envisageait la vente rapide de deux bateaux et la baisse de 35 à 15% de la part de marché dans les traversées en Méditerranée.

Les partenaires sociaux considèrent donc que le plan est une avancée appréciable qui met fin à une période de près d’un an sans projet industriel.

« Cette avancée, il faut la concrétiser », juge cependant M. Abboche, qui pointe les incertitudes : quid notamment du financement du renouvellement de la flotte et de l’aspect social du plan ? Le conseil de surveillance de jeudi n’a pas abordé ces questions, qui sont au menu de la réunion du CE entamée lundi.

Victime collatérale

Se trouve également au menu du CE le point de préoccupation majeur des syndicats, la modification de l’actionnariat.

Aujourd’hui détenue à 66% par Veolia Transdev , une co-entreprise partagée à égalité entre Veolia Environnement et la Caisse des dépôts (CDC), la SNCM doit, au 30 juin, passer sous le contrôle du seul Veolia, qui récupèrerait ainsi ces 66%.

Ce transfert de la SNCM, compagnie structurellement déficitaire, est une condition sine qua none pour pouvoir basculer le reste de Veolia Transdev à la CDC.

La SNCM, dont le reste du capital est détenu par l’Etat (25%) et les actionnaires salariés (9%), se trouverait ainsi seul filiale transport d’un groupe Veolia tourné vers l’eau, l’énergie et les déchets.

Les syndicats craignent que la SNCM ne soit qu’une « victime collatérale » de cet accord, crucial pour Veolia car il lui permettrait de se délester de près de 2 milliards d’euros de dettes.

Or « Veolia ne veut pas mettre un euro dans le renouvellement de la flotte et le plan social », explique Maurice Perrin, délégué syndical CFE CGC et élu représentant des actionnaires salariés. « Si c’est la seule motivation de Veolia, on peut très vite revenir sur le plan mis sur la table aujourd’hui ».

Et le rôle de Veolia, qui a le contrôle opérationnel de la SNCM depuis 7 ans, ne les incite guère à l’optimisme. « Quel est le bilan depuis sept ans qu’on est sous Veolia ? Rien, Néant ! Veolia, c’est la poubelle », déplore M. Abboche.

Les syndicats s’interrogent également sur le rôle de l’Etat, qui, selon eux, leur a laissé croire que ce changement d’actionnaire serait retardé à la fin de l’année.

« Cela permettait de faire les choses dans l’ordre : d’abord le plan, ensuite la délégation de service public vers la Corse (pour laquelle une décision est attendue fin septembre, ndlr), et ensuite la recherche d’un actionnaire pérenne », estime M. Perrin.

Cette incertitude sur l’actionnaire reste l’un des principaux motifs d’une grève prévue jeudi à l’appel de l’intersyndicale, deux jours avant le départ du Tour de France en Corse.

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