Dans une ordonnance datée du 31 août, révélée par le site Blast-info.fr et consultée par l’AFP, deux juges d’instruction parisiennes ont ordonné un procès pour ces onze personnes, dont le président du cercle Serge Kasparian, condamné dans l’affaire des soupçons de matches arrangés autour du Nîmes-Olympique en 2014, une figure du grand banditisme corse ou encore un ancien policier.
Les suspects comparaîtront pour « blanchiment en bande organisée » ou « extorsion », « travail dissimulé », « abus de confiance » et « abus de biens sociaux », ou encore « association de malfaiteurs ».
Dans leur ordonnance de 160 pages, les magistrates retracent les pratiques de ce cercle, créé en 2010 pour succéder au cercle Concorde, liquidé deux ans plus tôt.
L’enquête démarre en 2012, lorsque le Service central des Courses et des jeux apprend par un informateur que l’homme d’affaires Serge Kasparian aurait reçu des fonds du clan criminel corse de Jean-François Federici et de son frère Ange-Toussaint, qui avait fait main basse sur le cercle Concorde avant sa liquidation, pour sa réouverture sous la forme de l’association « Cercle Cadet ».
Au fil des investigations, les enquêteurs découvrent un système rodé de détournement et de blanchiment de fonds, issus notamment des tables de poker et du bar, et soupçonnent Serge Kasparian de transférer une partie de cet argent au Maroc.
Un ancien commissaire de police à la retraite est pour sa part suspecté d’avoir fourni, grâce à ses contacts, des informations sur les opérations ciblant le cercle afin de préserver ses intérêts.
Les enquêteurs soupçonnent par ailleurs Jean-François Federici d’avoir voulu garder la mainmise sur le cercle Cadet et récupéré, sous la menace, une autre partie de ces sommes en liquide.
L’avocat de ce dernier, Me Julien Pinelli, a déclaré à l’AFP que son client contestait « formellement » les faits. « Ce dossier repose essentiellement sur des interprétations et des suppositions, en l’absence de tout élément objectif. Nous nous attacherons à le démontrer le moment venu, devant le tribunal », a-t-il ajouté.
Jean-François Federici est actuellement incarcéré après sa condamnation en appel en avril 2019 à trente ans de réclusion criminelle pour un double assassinat.
Soumis à une législation souple et ancienne, les derniers cercles de jeux ont été secoués par plusieurs affaires retentissantes.
Les établissements parisiens ont désormais tous fermé et depuis le 1er janvier 2018, huit clubs « à la londonienne », bien encadrés et très règlementés, ont ouvert leurs portes à Paris. Ils ne peuvent proposer ni blackjacks, ni roulettes, ni machines à sous.