La Commission européenne avait annoncé mi-septembre l’interdiction de l’activité des navires équipés d’engins de fond (chaluts de fond, dragues, filets maillant de fond, palangres de fond, casiers et pièges), en-dessous de 400 m de profondeur dans 87 « zones sensibles » des eaux communautaires de l’Atlantique Nord-Est.
Destinée à protéger la biodiversité marine, cette fermeture -applicable dès octobre- complète l’interdiction du chalutage de fond en dessous de 800 m introduite par l’UE en 2016 pour restaurer les écosystèmes marins vulnérables.
« Nous désapprouvons la forme et le fond. Il y a eu une simple réunion fin juillet, cela ne permet pas de dire qu’on a consulté les Etats et les acteurs du secteur! », a tonné le ministre espagnol de l’Agriculture et de la Pêche Luis Planas Puchades, lors d’une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.
La décision se base sur un rapport du Conseil international pour l’exploration de la mer (ICES) « qui n’est pas à jour, et n’inclut pas toutes les pratiques de pêche ciblées », a-t-il fait valoir, réclamant « de suspendre l’application » du texte.
La mesure « ne tient pas suffisamment compte des données économiques disponibles », a abondé Cyril Piquemal, représentant permanent adjoint de la France à Bruxelles. Il a demandé « une révision, dès la publication » d’un nouvel avis de l’ICES attendu pour novembre.
Irlande, Portugal, Danemark, Pays-Bas et Grèce ont présenté la même demande.
« Il faut aussi prendre en considération la viabilité du secteur de la pêche, soumis à des conditions économiques éprouvantes », a souligné le ministre grec Georgios Georgantas. Le texte avait été vivement fustigé par les organisations de pêcheurs.
Face aux ministres, le commissaire chargé de l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, a défendu ce qu’il juge être « la meilleure décision possible, basée sur les meilleures recommandations disponibles de l’ICES, et un équilibre entre protection (environnementale) et maintien d’activités de pêche ».
Fermant la porte à toute suspension, il a cependant indiqué que le texte pourrait être à l’avenir modifié selon les avis scientifiques établis annuellement à partir des données fournies par les Etats.
Dans l’immédiat, la Commission « est prête à discuter pour faciliter l’application du texte, en attendant les recommandations scientifiques pour 2023 », sur lesquelles « on ne peut pas préjuger », a-t-il souligné.