– Flambée à Mayotte –
Dans le département français de Mayotte, situé dans l’Océan Indien, 37 cas de choléra ont été identifiés en date du 1er mai et une campagne de vaccination est en cours avec plus de 2.600 personnes vaccinées à ce jour, selon l’Agence régionale de santé.
Cette flambée intervient alors qu’une importante épidémie est en cours dans l’archipel voisin des Comores où on comptabilise plus de 60 décès et plus de 2.500 cas depuis le début de l’année.
En France métropolitaine, cette maladie est devenue très rare et essentiellement rapportée par des voyageurs de retour de pays ou de zones infectés: on compte en moyenne zéro à deux cas par an depuis le début des années 2000, selon le ministère de la Santé.
Il faut remonter à 1986 pour trouver trace d’une flambée en France métropolitaine, essentiellement à partir de cas importés d’Afrique du Nord, avec plus d’une trentaine de cas et un enfant de 10 ans mort après un séjour en Algérie.
– Explosion mondiale du nombre de cas –
Effet du changement climatique et de la multiplication des conflits, le nombre de cas de choléra explose actuellement dans le monde, souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les cas rapportés (une partie seulement des cas avérés) ont plus que doublé entre 2021 et 2022 pour atteindre 473.000, puis ont encore grimpé à plus de 700.000 en 2023.
Comores, République démocratique du Congo (RDC), Ethiopie, Mozambique, Somalie, Zambie et Zimbabwe figurent parmi les pays les plus sévèrement touchés actuellement, indique encore l’OMS.
– Infection intestinale aiguë –
Infection diarrhéique aiguë, le choléra est provoqué par l’absorption d’aliments ou d’eau contaminés par une bactérie, le bacille vibrio cholerae ou vibrion cholérique.
Les trois-quarts des personnes infectées n’expriment aucun symptôme.
Mais quand elle se manifeste, la maladie peut être redoutable pour 10 à 20% des cas, avec diarrhées sévères et vomissements qui provoquent une déshydratation accélérée.
En l’absence de traitement, le choléra est l’une des maladies infectieuses les plus rapidement fatales: la mort peut survenir en un à trois jours.
Seule une prise en charge rapide par perfusion, avec l’administration de sels de réhydratation et d’antibiotiques, permet d’éviter la mort.
– Marqueur de pauvreté et de conflits –
Haïti, Syrie ou RDC: la liste des récentes flambées de choléra montre combien cette maladie est un marqueur de la pauvreté, de l’instabilité et des conflits armés.
« Il existe un lien étroit entre la transmission du choléra et un accès inadapté à l’eau potable et à des installations d’assainissement » souligne l’OMS.
Les endroits à risque d’épidémie sont typiquement des camps de réfugiés: les crises humanitaires avec les déplacements de populations et des difficultés d’accès à l’eau potable, augmentent considérablement les risques.
– Favorisé par le changement climatique –
Le changement climatique en augmentant intensité et fréquence des inondations, des cyclones et des sécheresses, perturbe l’accès à l’eau potable et « crée un environnement idéal pour le développement du choléra », selon l’OMS.
Exemple récent: les cas de choléra au Mozambique ont été multipliés par dix après le passage du cyclone Freddy qui, début 2023, a privé d’eau portable une partie des habitants.
– Vaccins en nombre insuffisant –
Plusieurs vaccins oraux ont été mis au point et sont recommandés par l’OMS pour les zones où le choléra est endémique et durant les épidémies.
Mais la multiplication des flambées a limité dangereusement les stocks et contraint les organisations humanitaires à réduire le nombre de doses administrées lors des campagnes de vaccination.
L’OMS a donné en avril son feu vert à la version simplifiée d’un vaccin, produit par le groupe sud-coréen EuBiologics, pour accélérer la production et regonfler les stocks mondiaux de sérums anticholériques.