La décision de la Cour intervient alors que depuis plusieurs semaines, des Indiens de l’ethnie Nasa-Paez se mobilisent pour tenter de chasser les rebelles des Farc et militaires de leurs territoires dans la province du Cauca (sud).
La Cour a estimé que « les peuples indigènes Jiw et Nükak, établis dans les provinces de Meta et Guaviare (…) couraient le grave danger d’être exterminés physiquement et culturellement, en raison du conflit armé et de la défaillance de l’Etat pour leur offrir une protection adéquate ».
La Cour a donné six mois au ministère de la Défense pour restituer « la zone de refuge (de l’ethnie Jiw) de Barrancon (Guaviare), actuellement occupée par l’Ecole des forces spéciales et l’infanterie de marine ».
Cette base est le principal centre d’entraînement des forces spéciales de l’armée colombienne.
Le processus de retrait devra se faire en accord avec les services du Défenseur du peuple et le bureau du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, entre autres, a enjoint la Cour.
Le ministre de la Défense, Juan Carlos Pinzón, a toutefois fait part de son intention de faire appel de la décision, soulignant devant la presse que les militaires entretenaient de « magnifiques » relations avec les Indiens de cette zone.
Le président de l’Organisation indigène nationale de Colombie (Onic), Luis Evelis Andrade, a indiqué à l’AFP que cette décision non seulement « donnait raison aux demandes des Indiens mais affirmait aussi qu’il était nécessaire de dialoguer avec les indigènes avant d’installer une base militaire » dans leurs réserves.
Il a cependant estimé que ce jugement ne pouvait pas s’appliquer à la situation dans la Cauca, parce que « le cas est différent et a un autre contexte ».
La Colombie est le théâtre depuis un demi-siècle d’un conflit armé opposant l’Etat et les guérillas de gauche des Forces armées révolutionnaires (Farc) et de l’Armée de libération nationale (ELN), retranchée dans des zones rurales, qui abritent également des populations indigènes.