La Compagnie aérienne interrégionale express (Caire) avait été placée en liquidation judiciaire début août, après presque trois semaines d’une grève des pilotes qui avait mis sur le devant de la scène les difficultés du groupe, en cessation de paiement depuis le 26 juillet.
Le PDG de Caire Eric Koury avait invoqué la situation d’endettement de son entreprise, notamment en raison des aides d’État perçues durant la pandémie de Covid-2019.
La reprise décidée par le tribunal de commerce concerne les liaisons effectuées sous l’étendard d’Air Antilles, seul transporteur aérien à desservir les îles caribéennes non françaises depuis la Guadeloupe et la Martinique, mais pas les vols Air Guyane, notamment vers des zones isolées en Amazonie de ce territoire ultramarin.
Le tribunal a validé un plan de reprise de 120 des 218 salariés oeuvrant sur le périmètre antillais, et autorisé le licenciement pour motif économique de 176 des 296 salariés de Caire, dont les 78 d’Air Guyane.
L’offre retenue est celle de la Cipim, holding du gestionnaire d’infrastructures aéroportuaires Edéis, alliée à la collectivité de Saint-Martin.
L’exécutif de cette île antillaise du nord « a pris ses responsabilités afin de proposer une offre sérieuse et valable », s’est félicité devant la presse son avocat Laurent Cotret.
Trois offres de reprise avaient été examinées par le tribunal le 21 septembre. Le ministère public avait écarté celle de Guyane Fly, qui offrait la reprise du périmètre guyanais, laissant en lice l’offre couplée de la Cipim et de Saint-Martin et celle de la Cafom, spécialisée dans l’ameublement, qui compte un actionnaire commun avec Caire.
– « Impact énorme » en Guyane –
La cessation d’activité d’Air Guyane « fait très mal », a commenté lors d’une conférence de presse Jean-Pierre Dellevi, secrétaire du syndicat UTG des personnels au sol.
Felix Dada, le maire de Grand-Santi, commune guyanaise de près de 9.000 habitants située sur le fleuve Maroni et non reliée par la route à Cayenne, s’est pour sa part déclaré « très déçu » par cette annonce.
« L’impact de la décision du tribunal est énorme. Comment les gens vont-ils voyager? D’autant que le fleuve est très bas en saison sèche et difficilement navigable en pirogue. Il nous faut une solution immédiate pour la nourriture, pour les médicaments », a-t-il déclaré à l’AFP.
Laurent Yawalou, maire de Camopi, commune de 2.000 habitants située sur le fleuve Oyapok, se désole également de cette cessation d’activité, seulement « deux ans après l’ouverture de la ligne aérienne », alors qu’elle permettait d' »éviter plusieurs heures, voire jours de pirogue ».
« On a vérifié notre capacité à assurer les missions minimales, les missions à enjeu de sécurité: évacuations sanitaires, transports sanitaires, ravitaillement en alimentation et en médicaments », avait indiqué mercredi le préfet de Guyane, Antoine Poussier, après avoir réuni plusieurs acteurs (agence régionale de santé, maires, armée, collectivité territoriale…) pour anticiper la rupture des liaisons aériennes qui relient des communes isolées au littoral.
Les deux sociétés d’hélicoptères déjà utilisées pour les évacuations en urgence le seront également pour les transports sanitaires. « Le directeur général de l’ARS m’a confirmé que jusqu’à fin octobre, grâce à ces moyens privés, il était en capacité d’assurer les missions qui relèvent de sa compétence », a assuré le préfet.
Selon Antoine Poussier, la collectivité territoriale « envisage des affrètements » et « l’ensemble des aéronefs de l’État, dans la mesure de leur disponibilité, pourront être utilisés pour transporter des biens et des personnes ».
« Le dispositif peut être mis en place dès que nécessaire, si besoin à partir de la semaine prochaine », a-t-il promis.
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