Parti mercredi de l’île toscane du Giglio où il s’était échoué il y a 30 mois, le géant avarié, escorté par sa flottille de soutien, est attendu à l’est de la Corse, à 20 miles (37 km) des côtes, frôlant les eaux françaises, à partir de jeudi matin s’il maintient sa vitesse à un peu plus de deux noeuds.
Il devrait être au large de Bastia au plus tôt vers minuit – ou vendredi matin s’il ralentit – se rapprochant de la côte à environ 15 miles (28 km), selon la préfecture maritime de la Méditerranée. Là, le Jason, navire français de lutte anti-pollution, surveillera la manoeuvre, avec à son bord la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal.
Pendant environ quatre jours, le paquebot de 300 m remorqué par deux bateaux, devra avaler près de 280 km, jusqu’aux chantiers navals génois où il sera démantelé. Les Français suivront sa route jusqu’à ce que le Cap Corse soit passé (toujours dans les eaux internationales).
Dans l’île, l’alerte a été lancée il y a dix jours, avec un courrier adressé à Mme Royal par le maire (nationaliste) de Bastia Gilles Simeoni, s’alarmant des risques de pollution.
Une « flottille citoyenne » a prévu de partir jeudi à 15H30 de Bastia pour protester non loin du passage du convoi, ont indiqué mercredi les organisateurs après une réunion en mairie d’élus, syndicats, associations…
Ils demandent à « l’État italien (…) des réponses claires » notamment sur le « pompage préalable des matières polluantes ou dangereuses contenues dans l’épave ». Au-delà, ils dénoncent le passage quotidien de « bateaux poubelles » dans le canal de Corse, dans une zone où se prépare un projet de parc national marin.
« Nous ne pouvons accepter en l’état que l’épave géante passe devant nos côtes, et notamment dans le périmètre du futur parc national marin », avait de nouveau dit dimanche le maire de Bastia, lançant un appel à la « mobilisation populaire ».
Ségolène Royal a ainsi promis de venir jeudi, prête à prolonger son séjour, pour surveiller l’opération, non sans agacer son homologue transalpin.
– Un ‘dispositif italien +robuste+’ –
« Il serait intolérable de subir la moindre pollution », a prévenu Mme Royal, qui devrait rester ce week-end pour évoquer le projet de parc national.
Elle s’est dite seulement « partiellement » rassurée par son homologue italien « parce que tout n’est pas maîtrisable ». Selon elle une déconstruction sur place « aurait sans doute limité les risques ».
Le Jason, bâtiment de la Marine à disposition du préfet maritime, mouille de ce fait depuis dimanche au large de Bastia.
Du côte de la préfecture maritime justement, on veut rassurer.
« Le risque zéro n’existe pas, mais un incident grave serait une énorme surprise », souligne son porte-parole, Yann Bizien. Pour la préfecture, qui depuis Toulon coordonne les opérations de suivi côté français en coopération avec l’Etat voisin, « le dispositif italien est suffisamment adapté et robuste », le dispositif français vient en « redondance ».
Côté météo, les voyants sont au vert, et « tout a été fait pour que l’épave reste à flot », souligne-t-on: l’arrière enfoncé pour éviter à l’épave de chasser, des experts qui « ont pris leur temps », un navire de conception moderne même s’il a été endommagé…
Le convoi compte plusieurs unités chargées de repérer, même de nuit, et pomper les pollutions éventuelles. Quelque 163 tonnes d’hydrocarbures et produits huileux restent dans l’épave, car situés dans des endroits inaccessibles.
L’Italie a aussi prévu un avion, deux hélicoptères et un suivi satellitaire, les moyens aériens restant les plus efficaces pour repérer les fuites.
Des patrouilles de la gendarmerie maritime doivent enfin soutenir le dispositif en matière d’ordre public, les bateaux croisant sur zone ayant interdiction d’approcher à moins de 3 miles (5,5 km).