Entamé techniquement mardi dernier, le procès, qui se déroule dans le Théâtre moderne de Grosseto en raison de la forte affluence prévue dans les mois qui viennent, avait été repoussé de huit jours, après une audience de 15 minutes à peine, en raison d’une grève nationale des avocats.
Plus de 400 témoins et 250 parties civiles seront cités pour ce procès fleuve, prévu pour durer des mois.
Objet de toutes les critiques, « l’homme le plus détesté d’Italie » — surnommé par les tabloïds britanniques « Capitaine couard » — est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages causés à l’environnement.
« Nous sommes ici aujourd’hui pour obtenir justice pour les victimes et les rescapés, ceux qui devront vivre toute leur vie avec un sentiment d’angoisse », a déclaré à l’AFP Francesco Di Ciollo, avocat de deux victimes italiennes.
« Nous nous attendons à ce que la lumière soit faite sur ce naufrage. C’est très simple, la faute de Schettino c’est de ne pas avoir assuré la sécurité des gens à bord », a déclaré Fabio Targa, un autre avocat des parties civiles.
Parmi les 347 témoins de l’accusation figurent Domnica Cemortan, la jeune Moldave présente sur le pont au côté de Schettino au moment du naufrage, et Gregorio De Falco, le chef de la capitainerie du port de Livourne qui avait sommé en termes très crus le capitaine de remonter à bord du navire.
Ses avocats ont pour leur part cité une centaine de témoins.
« Il n’a pas abandonné le navire. Si le commandant était resté dix minutes de plus sur le navire, il serait tombé à l’eau et n’aurait pas pu gérer l’évacuation », a assuré Donato Laino, l’un de ses avocat.
Sa défense avaient aussi tenté d’obtenir un accord à l’amiable sur la sanction en échange d’une reconnaissance au moins partielle de culpabilité, mais le juge des audiences préliminaires a décidé qu’il devait être jugé.
Il risque de se retrouver seul sur le banc des accusés, les cinq autres personnes mises en cause ayant obtenu le feu vert du parquet pour une peine négociée avec le tribunal. Il s’agit du directeur de l’unité de crise du Costa, Roberto Ferrarini, du timonier indonésien Jacob Rusli Bin et de trois autres membres d’équipage.
L’audience portant sur ces demandes de peines négociées aura lieu le samedi 20 juillet.
Dans la nuit du 13 janvier 2012, le Costa Concordia, un paquebot de 114.500 tonnes, avait heurté un écueil près de la côte et s’était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l’île toscane du Giglio avec à son bord 4.229 personnes, dont 3.200 touristes. Trente-deux personnes avaient trouvé la mort, dont deux n’ont jamais été retrouvées. Parmi les 250 parties civiles figurent Costa Croisières (groupe Carnival), propriétaire du navire, l’État italien ainsi que l’île du Giglio, où l’énorme épave gît encore près du port, couchée sur le flanc.
Des dizaines de rescapés ont en outre entamé des poursuites devant des tribunaux civils contre Costa. La plupart de ceux qui n’ont pas été blessés ou n’ont pas perdu de proches ont accepté une indemnisation standard d’environ 11.000 euros proposée par Costa. Quant à la compagnie, elle a été condamnée en avril à verser une amende d’un million d’euros au terme d’une procédure négociée au cours de laquelle elle a reconnu sa responsabilité administrative, ce qui lui permet d’échapper à un procès au pénal.
Le renflouement de l’épave, une véritable prouesse technique plusieurs fois reportée, est prévu en septembre mais le doute subsiste sur cette date.
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