Concordia: les victimes réclament justice à l’ouverture du procès

« Nous sommes ici aujourd’hui pour obtenir justice pour les victimes et les rescapés, ceux qui devront vivre toute leur vie avec un sentiment d’angoisse », a déclaré à l’AFP Francesco Di Ciollo, avocat de deux victimes italiennes, peu avant l’ouverture du procès du commandant Francesco Schettino, seul sur le banc des accusés.

« Nous nous attendons à ce que la lumière soit faite sur ce naufrage. C’est très simple, la faute de Schettino est de ne pas avoir assuré la sécurité des gens à bord », a déclaré Fabio Targa, un autre avocat des parties civiles.

« Mes enfants ne veulent plus ni prendre l’avion ni monter sur un bateau depuis cet accident, ils sont traumatisés. Le plus grand se rappelle très bien cette nuit, il a fait des cauchemars pendant des mois », a raconté Gianluca Gabrielli, un Romain de 33 ans qui se trouvait sur le paquebot avec sa femme et ses deux enfants la nuit du drame.

Plus de 400 témoins et 250 parties civiles seront cités pour ce procès fleuve, prévu pour durer des mois. La première audience, après un report décrété dès une première ouverture la semaine dernière en raison d’une grève des avocats, est consacrée à des questions de procédures et la constitution des parties civiles.

Objet de toutes les critiques, surnommé « l’homme le plus détesté d’Italie » ou « Capitaine couard », Schettino est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dommages causés à l’environnement.

« Il n’a pas abandonné le navire. Si le commandant était resté dix minutes de plus sur le navire, il serait tombé à l’eau et n’aurait pas pu gérer l’évacuation », a assuré Donato Laino, l’un de ses avocats.

Sa défense avait tenté d’obtenir un accord à l’amiable sur la sanction en échange d’une reconnaissance au moins partielle de culpabilité, mais le juge des audiences préliminaires a décidé qu’il devait être jugé.

Les avocats ont demandé mercredi une nouvelle fois au tribunal de Grosseto un accord à l’amiable pour le commandant du Costa Concordia, après le premier refus essuyé en mai dernier.

Cinq autres personnes mises en cause ont en revanche obtenu le feu vert du parquet pour une peine négociée avec le tribunal : le directeur de l’unité de crise du Costa, le timonier indonésien et trois autres membres d’équipage. La justice se prononcera à ce sujet samedi.

« C’est injuste car ils proposent des sentences qui n’ont rien de comparable avec leur énorme responsabilité. Le plus grand responsable c’est la compagnie Costa Concordia mais elle n’est pas sur le banc des accusés », s’est insurgé Me Massimiliano Gabrielli, membre d’un groupe d’avocats baptisé « justice pour le Concordia », qui représente une centaine de passagers.

La compagnie a été condamnée en avril à verser une amende d’un million d’euros au terme d’une procédure négociée au cours de laquelle elle a reconnu sa responsabilité administrative, ce qui lui permet d’échapper à un procès au pénal.

La jeune Moldave qui se trouvait sur pont au côté de Schettino au moment du naufrage, Domnica Cemortan, qui juge que « le commandant n’est pas l’unique responsable » est citée comme témoin, de même que le chef de la capitainerie du port de Livourne, Gregorio De Falco,qui avait sommé en termes très crus le capitaine de remonter à bord du navire.

Dans la nuit du 13 janvier 2012, le Costa Concordia, un paquebot de 114.500 tonnes, avait heurté un écueil près de la côte et s’était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l’île toscane du Giglio avec à son bord 4.229 personnes, dont 3.200 touristes. Trente-deux personnes avaient trouvé la mort, dont deux n’ont jamais été retrouvées. Parmi les 250 parties civiles figurent Costa Croisières (groupe Carnival), propriétaire du navire, l’État italien ainsi que l’île du Giglio, où l’énorme épave gît encore près du port, couchée sur le flanc. Selon l »avocat du ministère de l’Environnement, Patrizia Pena, les dégâts sont évalués pour l’instant à 12,5 millions d’euros, un chiffre qui se révéler encore « bien plus élevé ».

Des dizaines de rescapés ont en outre entamé des poursuites devant des tribunaux civils contre Costa. La plupart de ceux qui n’ont pas été blessés ou n’ont pas perdu de proches ont accepté une indemnisation standard d’environ 11.000 euros proposée par Costa. Quant au renflouement de l’épave, il est prévu en septembre mais pourrait être reporté pour la énième fois.

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