Concordia: poursuite du redressement « toute la nuit »

A chaque étape, le processus s’est « dilaté » dans le temps et la fin des opérations, entamées lundi à 09H00 (07H00 GMT) est désormais prévue mardi à l’aube, ont indiqué les autorités.

« Nous continuerons toute la nuit, les choses se poursuivent selon le programme mais avec des délais allongés », a expliqué à la presse le commissaire du gouvernement en charge du projet, Franco Gabrielli. Interrogé sur l’éventualité d’une fin des opérations à l’aube, il a répondu: « oui absolument ».

Le redressement de ce mastodonte de 114.000 tonnes, échoué depuis 20 mois à quelques mètres du Giglio, a dû être interrompu pendant une heure vers 16H00 GMT. Selon l’ingénieur Franco Porcellacchia, responsable du projet pour Carnival, maison-mère de l’armateur du navire Costa, « une intervention de maintenance a été nécessaire sur 4 des 36 câbles qui tirent le navire » pour le redresser. Elle a été menée par des techniciens-alpinistes spécialisés.

M. Porcellacchia n’a pas voulu parler d' »incident », préférant le terme « d’inconvénient ». Il a confirmé que les opérations en étaient du coup « ralenties » tout en disant « espérer » que la rotation se terminera « vers 5H00 GMT » mardi.

Les ingénieurs et techniciens mobilisés pour la rotation (une centaine en tout) sont parvenus à redresser le navire de « 13 degrés », alors qu’il était initialement couché avec une inclinaison de 65 degrés, selon les autorités.

Selon M. Porcellacchia, le navire devrait atteindre « la fin de la première phase » vers minuit (22H00 GMT) avec une inclinaison d’environ 24 degrés.

A partir de ce stade, il ne sera plus nécessaire d’exercer une traction mais la rotation se poursuivra en remplissant les énormes caissons flottants (hauts comme des immeubles de 7 à 11 étages) placés sur le côté resté émergé.

Plusieurs « inconnues » subsistent, a dit M. Gabrielli en refusant de les énumérer. Parmi elles, la météo, qui suscite « une grande appréhension » selon lui, face à une détérioration prévue » mardi. Mais Sergio Girotto, responsable du projet Micoperi, a aussitôt tempéré précisant que « des vagues d’une hauteur allant jusqu’à un mètre et demi sont acceptables ».

Le redressement puis le renflouement sont des opérations titanesques, confiées à l’italien Micoperi et à l’américain Titan pour un coût déjà supérieur à 600 millions d’euros, entièrement à la charge de Carnival.

C’est la première fois qu’une telle prouesse est tentée sur un bateau aussi grand – long de près de 290 mètres – et positionné de cette façon – le flanc droit couché sur des rochers.

L’ex-palace flottant a été vidé de toute présence jusqu’à ce qu’il soit sécurisé. Ensuite avant tout renflouage, des spécialistes se mettront en quête des cadavres de deux disparus — une passagère italienne et un serveur indien — sur les 32 morts qu’a fait ce naufrage le 13 janvier 2012.

« J’espère encore retrouver le corps de ma femme. On m’a dit que les recherches reprendraient dès que le navire sera stabilisé », a déclaré Elio Vicenzi, veuf de la passagère italienne.

« Pour moi aussi il est très important de retrouver le corps de mon frère pour le ramener à la maison », a déclaré Kevin Rebello, frère du serveur indien Russel.

Quant aux risques de pollution, ils semblent réduits dans l’immédiat.

« Nous prévoyons des perturbations temporaires dans l’environnement marin », a expliqué Marcello Mossa Verre, un responsable de l’agence régionale de contrôle de l’environnement (Arpat).

La rotation est gérée à distance dans une « salle de contrôle » par 11 personnes, commandées par Nick Sloane, le Sud-Africain qui est « senior salvage master ». La plateforme flottante où ils se trouvent est reliée au navire par deux « cordons ombilicaux » (un câble principal et un de secours).

Massés dans le tout petit port, les habitants du Giglio — petite île peu connue avant le naufrage — sont impatients d’être débarrassés du paquebot qui gâche la vue, telle une verrue métallique géante.

« J’espère que tout ira bien, qu’ils réussiront à faire partir d’ici cette épave », commente Marcello Sachetti, venu pour être le « témoin » de cet exploit sans précédent.

lrb-fka/mle/jpr

CARNIVAL CORPORATION

TITAN CEMENT

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