En début d’après-midi, le trafic se densifiait certes, au premier port français pour le trafic passagers, mais n’avait pas encore débordé sur la rocade portuaire ni provoqué de bouchon sur les autoroutes aux alentours.
Mais « nous nous attendons à beaucoup de retours au cours des prochaines heures, beaucoup de Britanniques qui ne devaient rentrer que lundi et mardi ayant décidé de rentrer précipitamment pour ne pas avoir de souci avec leur employeur », dit le président du port, Jean-Marc Puissesseau.
Ici ou là, des passagers piétons, sac au dos, se voient contraints de rebrousser chemin: depuis la crise sanitaire, les compagnies ne leur vendent plus de ticket, mais ils ont tenté leur chance.
« C’est un peu comme si on recommençait l’opération dynamo de mai 1940 avec notre retour précipité at home…. », sourit avec flegme Ken, voyageur londonien qui se présente au volant de sa voiture avec sa femme et ses trois enfants, billet en main pour embarquer à bord d’un ferry de la compagnie DFDS. « On avait prévu de rentrer avant le rush du 15 août… On ne le regrette pas », ironise-t-il, conscient d’être passé entre les gouttes.
Paul Trower, retraité britannique, a pu trouver son sésame: « quand je me suis levé ce matin vers 6h00, j’ai regardé mon téléphone et tout le monde m’écrivait que nous allions être en quarantaine, donc on a regardé et réservé un ferry, annulé nos vacances et on rentre à la maison pour éviter cela, parce que ma femme travaille et que je dois m’occuper de ma petite fille ».
– Pas de vente au guichet –
Fermées en raison de l’épidémie, les salles d’embarquement des compagnies ont rouvert exceptionnellement. Pas pour la vente aux guichets: seules marchent les réservations par internet. Mais pour informer les passagers et gérer les flux, une tâche assurée par le personnel du port, chasuble orange sur le dos, alors que les compagnies ont augmenté les capacités de 500 à 750 passagers par ferry.
La nouvelle de cette quarantaine imposée par Londres suscite aussi la surprise: « je crois que c’est très soudain, je pense que cela aurait pu être un peu plus graduel, en étant prévenu plus à l’avance », relève Tony Samson, un ingénieur britannique.
Elle nourrit aussi les doutes: « Cela en vaut-il vraiment la peine? Cela va-t-il vraiment nous prévenir de ce genre de virus cycliques? Je ne crois pas personnellement, cela va juste provoquer beaucoup de dommages. Une quarantaine de deux semaines c’est une grosse atteinte aux libertés non? », s’inquiète Louis Katson, manager britannique.
« On sait que le nombre de nouveaux cas augmente en France, mais il augmente partout! J’ai dû tout annuler pour venir ici », abonde Igor Ivanickig, un Britannique, devant un magasin de vins et spiritueux à proximité du terminal ferry.
Près de la gare TGV de Calais-Fréthun, le gérant d’un autre magasin du même type, Olivier Versmisse, se désole lui aussi: « c’est une très mauvaise nouvelle. Les Anglais ne sont de retour que depuis quelques mois. On sentait qu’ils avaient besoin et envie de revenir sur le continent pour les vacances, pour faire plein de choses qu’ils avaient l’habitude de faire. Là, malheureusement, les gens ne vont plus venir. On a déjà des annulations de commandes… »
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