Le démocrate a accusé Pékin de « tricher » dans le commerce mondial de l’acier, portant préjudice aux industriels américains et de leurs employés, un électorat clé pour l’élection présidentielle de novembre qui le verra affronter, sauf surprise, son rival Donald Trump.
« Ils sont xénophobes », a déclaré Joe Biden dans un discours depuis le siège du syndicat des métallurgistes (USW) à Pittsburgh, capitale américaine historique de l’acier.
Le démocrate a déploré que les entreprises sidérurgiques chinoises n’aient « pas à se soucier de faire des bénéfices car le gouvernement chinois les subventionne abondamment ».
« Elles ne sont pas en concurrence, elles trichent. Et nous avons vu les dégâts, ici en Amérique », a encore déclaré celui qui assure être le meilleur allié des ouvriers américains.
« Je ne cherche pas un affrontement avec la Chine, je veux une concurrence, mais une concurrence loyale », a encore précisé Joe Biden, assurant qu’il n’y aurait pas de « guerre commerciale » avec Pékin.
– Campagne pour cols bleus –
D’une même voix, syndicat et patronat ont salué ces mesures protectionnistes.
L’United Steelworkers (USW), l’a ainsi remercié pour son action « agressive » afin de défendre leurs emplois.
Le syndicat a annoncé le mois dernier soutenir le démocrate pour l’élection de novembre, accusant son adversaire Donald Trump de « démanteler les droits des travailleurs », lui qui se présente pourtant comme le chantre de la relance de l’industrie manufacturière américaine.
Plus de 40% des emplois manufacturiers ont été perdus depuis 1990 en Pennsylvanie, coeur historique de l’industrie américaine et l’un des six Etats clés qui pourraient, en novembre, faire basculer le résultat de l’élection.
U.S. Steel, le géant américain de l’acier, basé dans cet Etat, a déclaré « applaudir » l’annonce de Joe Biden, de même que l’organisation patronale du secteur. Le démocrate a répété mercredi son opposition à sa prise de contrôle par le japonais Nippon Steel.
La veille mardi, Joe Biden avait appelé depuis sa ville natale de Scranton à une hausse des impôts pour les plus riches, marquant le contraste avec Donald Trump. Ce dernier était « bien occupé en ce moment », a taclé le démocrate mercredi en faisant référence au procès qui occupe le milliardaire à New York.
Le démocrate se montre lui faisant campagne sur le terrain, trois jours d’une séquence médiatique tournée vers la Pennsylvanie et son électorat ouvrier blanc.
– « Fausses accusations » –
Mais, alors que Donald Trump défend de longue date une hausse des droits de douane contre la Chine, son équipe de campagne a dénoncé mercredi un revirement opportun du démocrate.
« Joe Biden a passé toute sa carrière à trahir les travailleurs américains », a écrit une porte-parole du républicain dans un communiqué. Les mesures annoncées mercredi « sont trop faibles et arrivent trop tard », a ajouté Karoline Leavitt.
Le démocrate s’enorgueillit lui d’être à l’origine, avec une immense loi pour favoriser l’industrie verte, du doublement des investissements pour de nouvelles usines aux Etats-Unis depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2021, et la création de près de 80.000 emplois manufacturiers.
Et pour les protéger, l’actuel président a ainsi appelé mercredi sa représentante au Commerce (USTR) à « envisager de tripler les droits de douane » actuels, de 7,5% en moyenne, imposés sur une partie de l’acier et l’aluminium chinois importés aux Etats-Unis.
L’administration Biden a également annoncé une enquête sur les mesures chinoises dans « les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique ».
Pékin a rapidement dénoncé de « fausses accusations ».
L’enquête américaine « interprète à tort des activités normales de commerce et d’investissement comme étant nuisibles à la sécurité nationale et aux intérêts des entreprises américaines », a estimé le ministère chinois du Commerce dans un communiqué. Les Etats-Unis « rendent la Chine responsable de leurs propres problèmes industriels ».
Les annonces américaines s’inscrivent dans un contexte de forte rivalité avec la Chine, malgré un dialogue renoué entre les deux pays.
Interrogé pour savoir si ces annonces allaient mettre en danger la relation qu’il tente d’entretenir avec le président Chinois Xi Jinping, Joe Biden a répondu « Non. »
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