L’ancienne décharge publique ouverte dans les années 1970 s’étend sur deux hectares. Le nettoyage devrait être achevé en mai.
A l’échelle nationale, la tâche reste encore gigantesque: l’an passé, après l’annonce du lancement du plan par Emmanuel Macron au sommet international One Ocean Submit de Brest en février, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait recensé 55 sites. Depuis, le total a grimpé à 94.
« Les mairies peuvent remplir des fiches de signalement, ce n’est pas un inventaire figé. Mais tous les sites ne seront pas éligibles au Plan national », a précisé à l’AFP Jérôme Morel, directeur de ces projets au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), qui pilote avec le ministère de l’Environnement le plan national doté de 30 millions d’euros par an.
La décharge doit être située à moins de 100 mètres du trait de côte et le site soumis à l’érosion.
– Dix ans –
A Fouras, pour dépolluer, « il a d’abord fallu racheter le terrain », a indiqué à l’AFP Patrice Beltz, délégué du Conservatoire du littoral qui a acquis 45 hectares de marais littoral comprenant les deux hectares souillés de détritus. Les espèces végétales endémiques recoloniseront ce terrain qui sera ensuite intégré à la Réserve naturelle mitoyenne de la commune d’Yves.
« Il a fallu dix ans et ce fonds d’urgence pour les décharges littorales pour qu’on parvienne à dépolluer le site de Pré Magnou », rappelle la présidente du Conseil départemental de la Charente-Maritime et ancienne maire de Fouras, Sylvie Marsilly.
Tout a commencé par des ramassages citoyens, puis un chantier de réinsertion « mais il y avait vraiment trop de déchets ». « On a donc lancé une étude avec la communauté d’agglomération de Rochefort pour délimiter la zone, puis on a alerté », raconte-t-elle.
Au-delà de la zone de 100 mètres concernée par le plan national, il existe encore beaucoup de décharges enterrées, non soumises à l’érosion mais qui polluent le milieu.
L’association « Les Insurgés des déchets », alertée par une riveraine, en a signalé une nouvelle en novembre quelques kilomètres plus au sud, à Bourcefranc-le-Chapus, au coeur du pays des huîtres de Marennes – Oléron.
– Le propriétaire doit nettoyer –
Sous une bâche disposée sur la berge d’un canal rejoignant la mer, 600 tonnes de déchets fraîchement enfouis ont ainsi été retrouvés en pleine zone Natura 2000.
L’association a saisi le maire Guy Proteau qui n’en a « pas dormi pendant plusieurs nuits » avant de saisir la préfecture de Charente-Maritime.
Selon Les Insurgés, un magasin de bricolage a fait un appel à un entrepreneur local pour agrandir son parking. L’entreprise a alors mis au jour une ancienne décharge oubliée dont elle a déposé le contenu à peine deux kilomètres plus loin, au bout d’un chemin qui conduit dans les marais humides au bord du littoral. Le dépôt aurait été effectué avec l’accord du propriétaire, qui assure aujourd’hui qu' »il ne devait y avoir que de la terre ».
Les déchets ont été posés près des installations de deux ostréiculteurs, le long d’un canal qui relie les claires et le marais à la mer. La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Nouvelle-Aquitaine (DREAL) a enjoint l’entreprise visée de nettoyer le site d’ici au 8 avril.
« Si un chantier découvre une décharge, il échoie au propriétaire de la parcelle de traiter les déchets. Qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un particulier, c’est pareil », prévient le préfet de Charente-Maritime Nicolas Basselier.