Défiant Moscou, un brise-glace de Greenpeace part pour l’Arctique

Les autorités russes avaient rejeté trois demandes de Greenpeace pour faire passer par cette voie son bateau, l’Arctic Sunrise, qui avait approché à la mi-août le navire de recherche sismique Akademik Lazarev, de Rosneft, pour dénoncer ses activités.

Mais Greenpeace a annoncé que son brise-glace avait malgré tout pris la route maritime du Nord samedi matin pour protester contre les projets de forage du premier groupe russe d’hydrocarbures, Rosneft, et son partenaire américain ExxonMobil près de la Réserve nationale russe dans l’Arctique.

Le ministère russe des Transports a accusé l’équipage du bâtiment à pavillon néerlandais de violer « grossièrement » les lois russes et internationales, et demandé au ministère des Affaires étrangères de se mettre en contact avec les autorités maritimes néerlandaises.

Dima Litvinov, un militant de Greenpeace basé à Stockholm, a appelé le gouvernement des Pays-Bas à soutenir l’ONG.

« J’espère au moins que le gouvernement néerlandais soutiendra la demande légitime et le droit de passer dans cette zone », a-t-il dit à l’AFP.

Selon Greenpeace, l’Arctic Sunrise poursuivait sa route sans apercevoir de bâtiment militaire russe ni les garde-côtes.

« Nous n’acceptons pas que le gouvernement russe nous empêche de dénoncer les forages dangereux dans l’Arctique », avait expliqué auparavant l’ONG, en annonçant le départ de l’Arctic Sunrise, qui s’est dirigé vers la mer de Kara où plusieurs bateaux menaient des tests sismiques en vue de forages pour le compte de Rosneft et d’Exxonmobil.

« La Réserve nationale russe dans l’Arctique est un lieu spécial qui regorge de vie sauvage menacée et qui fait face à une menace bien plus grande avec les compagnies pétrolières imprudentes qu’avec le brise-glace de Greenpeace », a déclaré Christy Ferguson, responsable de la campagne en Arctique de Greenpeace qui se trouve à bord de l’Arctic Sunrise.

« Si Rosneft et ExxonMobil installent (dans l’Arctique) des plateformes de forage, ils risquent de provoquer des éruptions et des déversements catastrophiques qui pourraient dévaster cette région », a dit Mme Ferguson.

Pour Greenpeace, le projet de forage dans un écosystème protégé où vivent des ours polaires, des baleines et autres animaux sauvages contrevient à la législation russe en matière de protection de l’environnement.

Rosneft, qui est dirigé par Igor Setchine, un proche du président Vladimir Poutine, a affirmé samedi que ses opérations d’exploration et de forage offshore étaient « totalement sûres ».

« Les solutions de haute technologie que nous utiliserons pour mettre en oeuvre les projets dans l’Arctique sont à même d’assurer une sécurité maximale en matière d’environnement », a affirmé la compagnie dans un communiqué adressé à l’AFP.

L’exploration des vastes réserves de l’Arctique, favorisée par le réchauffement climatique, est devenue une priorité stratégique pour Moscou.

Greenpeace accuse les majors occidentales de vouloir travailler en Russie pour profiter des normes environnementales plus laxistes que dans leurs propres pays.

jhe-as/edy/eb

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