Des navires des ports de Granville, Pirou, Carteret (Manche), Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et de l’île anglo-normande de Jersey se sont regroupés en début d’après-midi autour de l’archipel des Minquiers, au coeur des querelles sur les zones de pêche en pleine mutation après le Brexit.
Partie avant le lever du jour pour pêcher l’araignée de mer avec son mari Jérôme, Emmanuelle David, 41 ans, n’a poas caché sa colère. « On demande à traiter en direct avec les autorités de pêche locales à Jersey, car les cols blancs qui décident de tout ça à Londres ou Paris n’y comprennent rien, ça n’est pas leur domaine », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Le couple de caseyeurs (action de pêcher à l’aide de casiers), travaille aujourd’hui ensemble sur le bateau de Jérôme, « La Petite Laura », mais celui qu’Emmanuelle vient d’acquérir ne peut pas encore, et ne pourra peut-être jamais venir pêcher dans les eaux de Jersey.
« 95% de notre pêche est faite ici », a-t-elle expliqué, « au moment du Brexit on nous a expliqué qu’on avait deux semaines pour enlever nos casiers et aujourd’hui il y a un mouvement en France pour placer 10% des eaux en protection stricte, sans aucune activité humaine, ce que souhaite faire ici le gouvernement de Jersey ».
Des négociations ont permis aux Français de poursuivre leur activité, mais les David craignent la création d’une aire marine protégée dans les mois qui viennent qui réduirait leur travail à néant.
Assis sur les rochers de l’archipel, Andy Hibbs, 52 ans dont 37 de pêche au homard et au tourteau, attendait ses « amis de Granville » pour les soutenir.
« L’accord de la baie de Granville en vigueur avant le Brexit fonctionnait bien, mais la sortie de l’Europe a mis le gouvernement de Jersey sous pression alors que l’île n’a pas voté pour », a-t-il regretté auprès de l’AFP.
M. Hibbs a considéré que « des lobbies font pression » pour agrandir toujours plus les aires marines protégées mais que personne ne se soucie de « la situation difficile aujourd’hui pour les pêcheurs français », qui doivent payer une redevance de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’euros pour continuer à venir pêcher à Jersey, selon eux.
Ni le gouvernement de Jersey, ni la préfecture de la Manche n’ont répondu aux sollicitations de l’AFP.