L’alerte rouge cyclonique, déclenchée samedi soir, est en vigueur jusqu’à nouvel ordre et interdit aux habitants de se déplacer, à l’exception des secours et personnes autorisées.
Dimanche, Dikeledi s’est approchée à environ 100 km de l’archipel, chargeant avec elle des torrents d’eau qui se sont abattus sur l’archipel.
Des rivières ont débordé et des rafales de vent ont emporté des bâches posées sur les bâtiments pour remplacer les toits arrachés par le cyclone Chido qui a ravagé plusieurs territoires de l’océan Indien il y a moins d’un mois.
Les dégâts les plus importants ont été observés dans le sud de Grande-Terre, où jusqu’à 180 mm d’eau sont tombés en 12 heures à Bandrélé et quatre villages ont été « totalement inondés », selon les pompiers.
Dans d’autres localités du sud et du centre, une douzaine de maisons, en dur ou en tôles, se sont effondrées ou ont été emportées par la mer ou des rivières en crue, a poursuivi cette source, sans donner de bilan humain.
« Dikeledi continue de se rapprocher du Mozambique. Mayotte est, encore, sous son influence en périphérie », a expliqué dans son dernier point de situation à 09H00 locales Météo-France, qui attend des « passages d’averses momentanément soutenues et associées à de l’activité électrique ».
– Rivières qui débordent –
Des pluies et des vagues importantes sont attendues, ce qui fait craindre des « submersions possibles au moment des marées hautes », selon Météo-France.
L’extrême sud de l’île est quasiment sous les eaux avec le village de Mbouini « à 100% inondé », a témoigné auprès de l’AFP le maire de Kani-Kéli qui regroupe plusieurs hameaux, dont Mbouini.
Dimanche, « les gens se déplaçaient en pirogue », a encore souligné Abdou Rachadi. D’autres villages ont subi des éboulements et des ravines sont obstruées par des troncs d’arbre, ce qui fait craindre « d’autres inondations à la moindre pluie si les ravines ne sont pas dégagées ».
Malgré l’alerte rouge toujours en vigueur, des habitants de Chirongui, dans le sud de Grande-Terre, enlèvent lundi matin les débris obstruant les deux cours d’eau du village par peur de nouvelles inondations, a constaté une journaliste de l’AFP.
« On a eu très peur. Je n’ai jamais vu la rivière déborder comme ça », a raconté un habitant, Kamal Madani.
Au niveau d’un pont, certains dégageaient les débris en accrochant les branches à une corde reliée à une voiture pour les tirer et laisser la rivière s’écouler.
Parmi eux, la conseillère départementale du canton de Sada-Chirongui, Maria Saïd Kalame, expliquait espérer « que les pluies qui viennent iront directement en mer ». « On est en alerte rouge, on ne devrait pas sortir mais ce serait plus dangereux de laisser ces débris », a-t-elle ajouté.
Une partie des habitants qui avaient trouvé refuge dans les centres d’hébergement commençaient à regagner leurs habitations. Selon Laoumi Dahilou, le directeur adjoint de la sécurité de la commune, aucun blessé n’est à signaler mais des automobilistes piégés par la montée des eaux ont dû être évacués.
Mamoudzou, chef-lieu de l’archipel, semble « moins impacté que le Sud », a déclaré la mairie à l’AFP. A Tsingoni (ouest), les coups de marteau ont retenti dès 06H00, une partie des habitants bravant l’interdiction de sortir pour refaire les toitures, très fragilisées par Chido et Dikeledi, a constaté une journaliste de l’AFP.
Dimanche, près de 3.000 policiers, gendarmes et pompiers avaient été pré-positionnés dans les endroits « à risque », selon le préfet de Mayotte, tandis que 80 centres d’hébergement d’urgence avaient été ouverts.
Ils ont accueilli 15.000 personnes, a précisé dimanche soir le ministre des Outre-mer Manuel Valls, auxquelles s’ajoutent 5.000 personnes hébergées dans des mosquées.
Dikeledi a frappé le département le plus pauvre de France alors que l’Assemblée nationale entame lundi l’examen en commission du projet de loi d’urgence pour Mayotte, qui doit permettre d’accélérer la reconstruction de Mayotte après Chido.
Ce cyclone, le plus important en près de 100 ans à Mayotte, a causé des dommages colossaux, faisant au moins 39 morts et environ 5.600 blessés et détruisant de très nombreuses habitations.
Les cyclones se développent habituellement dans l’océan Indien de novembre à mars. Cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C, ce qui fournit plus d’énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l’Atlantique nord et le Pacifique.