Au coeur d’une âpre bataille de concurrence entre la France, l’Italie et l’Espagne, ce secteur a aussi souffert récemment d’une météo défavorable.
« Suite à la récente baisse des prix sur les marchés des pêches et des nectarines, une action urgente est nécessaire (…) Je propose aujourd’hui que la Commission européenne prenne des mesures rétroactives immédiates visant à réduire l’offre et à favoriser la demande », a affirmé dans un communiqué le commissaire européen en charge de l’Agriculture, Dacian Ciolos.
Il s’agit notamment d’accroître de 5 à 10% le volume de fruits autorisés à être retirés du marché et distribués gratuitement. Des mesures exceptionnelles seront également prises pour soutenir les producteurs individuels, a fait savoir la Commission.
La décision formelle sera prise dans les prochaines semaines, mais elle s’appliquera rétroactivement à partir de ce lundi.
Prendre ces mesures était « déjà sur la table la semaine dernière, mais l’annonce de restrictions à l’importation par Moscou risque d’aggraver encore la situation du marché (des pêches et des nectarines) et a accéléré la nécessité d’une action », souligne la Commission.
« Je n’hésiterai pas à agir et à utiliser le nouveau cadre de la PAC pour fournir en temps voulu et de manière proportionnée un soutien aux marchés (en difficulté). Ce premier pas est un signal », a insisté M. Ciolos. « Nous suivons de près les marchés et je n’hésiterai pas à faire de même pour aider d’autres secteurs dépendants des exportations vers la Russie, si nécessaire ».
Moscou a décrété pour un an un embargo sur les productions agroalimentaires en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord notamment, comme représailles aux sanctions qui la visent pour son soutien aux séparatistes ukrainiens.
Une réunion d’experts se tiendra jeudi à Bruxelles pour faire le point sur les retombées pour leurs producteurs agricoles européens. « Si c’est nécessaire », on convoquera après un conseil informel des ministres de l’Agriculture, a indiqué la semaine dernière le ministre français, Stéphane Le Foll. « On va d’abord évaluer les choses, on va se concerter et on prendra des décisions dès qu’on aura bien évalué les conséquences de ces annonces par la Russie », avait-il ajouté.
Avant même l’embargo imposé par Moscou aux produits agroalimentaires européens, les pêches et les nectarines étaient un secteur en difficulté, en raison de conditions météo « particulièrement défavorables cette année », à savoir un printemps doux qui a dopé la production, suivi d’un été frais et humide où la consommation de ces fruits a nettement ralenti.
L’UE produit chaque année 2,5 millions de tonnes de pêches et 1,2 million de nectarines. Les plus gros producteurs sont l’Italie, l’Espagne, la France et la Grèce.
Ces deux productions sont au coeur d’une âpre bataille de concurrence entre la France et l’Espagne, après celle des fraises au printemps. Les producteurs français soupçonnent leurs voisins espagnols de pratiquer « le dumping commercial » pour tuer le marché français.