L’un d’eux, le Girolata, de la compagnie Méridionale, avec à son bord plus d’une centaine de passagers, a dû attendre cinq heures dans le Golfe de Bastia avant de pouvoir finalement accoster. Son arrivée était prévue à 08h00 mais il a été bloqué toute la matinée par une cinquantaine de membres de la Corsica Maritima, le consortium d’entrepreneurs corses à l’origine de Corsica Linea.
Ceux-ci ont finalement accepté de laisser arriver le bateau à la mi-journée, après une entrevue avec le nouveau président nationaliste de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, pour laisser descendre les passagers et leurs véhicules.
« On est pris au milieu de cette bataille navale », a réagi un passager à peine descendu du bateau. « D’un côté comme de l’autre, on est toujours pris en otage par la problématique des transports maritimes », a abondé un autre, au volant de sa voiture.
Le débarquement du fret du Girolata a également pu avoir lieu alors qu’initialement, les membres de Corsica Maritima ne voulaient laisser descendre que les passagers.
Les socio-professionnels empêcheront, en revanche, que le bateau reparte, ont-ils annoncé à l’AFP sur le port de Bastia, comme ils empêchent, depuis samedi soir, un autre bateau, le Jean Nicoli, de l’ex-SNCM, de quitter Ajaccio.
– ‘Nous ne bloquons que les bloqueurs’ –
« Nous n’empêchons pas les gens de travailler », ont-ils souligné, expliquant qu’ils n’ont rien entrepris contre les compagnies Moby Line ou Corsica Ferries, « nous ne bloquons que les bloqueurs ».
Ces actions ont en effet été lancées en réaction au blocage par des marins grévistes de l’ex-SNCM du Stena Carrier de la Corsica Linea sur le port de Marseille depuis près d’une semaine, malgré une décision de justice vendredi.
Le consortium Corsica Maritima, candidat malheureux à la reprise de la SNCM finalement confiée au groupe Rocca, s’est associé à l’armateur Daniel Berrebi – qui lui aussi était sur les rangs pour racheter la SNCM – afin de lancer la Corsica Linea, une nouvelle compagnie maritime entre la Corse et le continent.
En l’absence de déblocage de leur navire à Marseille, les entrepreneurs de Corsica Maritima empêcheront tout départ ou arrivée de navires de la Méridionale et de l’ex-SNCM, ont-ils expliqué.
« Au moment où notre compagnie ne peut exercer librement son activité sur Marseille, il n’est pas concevable de laisser ceux qui nous empêchent de travailler sur le continent exercer en tout impunité leur rotation », a expliqué Corsica Maritima, qui regroupent 130 entrepreneurs corses.
Les marins de l’ex-SNCM et de La Méridionale, deux compagnies qui se partagent à l’heure actuelle la délégation de service public (DSP) de continuité territoriale entre la Corse et le continent, sont en grève contre le lancement de Corsica Linea, perçue comme « une concurrence déloyale » faite pour couler la nouvelle SNCM. Vendredi, ils avaient néanmoins permis au Jean Nicoli et au Girolata de naviguer afin d’assurer un « service minimum ».
Le blocage du Stena Carrier – un cargo qui transporte 40 remorques pleines de produits périssables et 20 remorques vides – dans la rade de Marseille se poursuivait dimanche, malgré l’appel de la CGT et de son principal responsable Frédéric Alpozzo. Ce dernier a demandé le respect de la décision du juge des référés ordonnant vendredi aux marins CGT grévistes de libérer les accès du port, sous astreinte de 30.000 euros par infraction constatée.
Samedi, plusieurs centaines d’entrepreneurs corses avaient dénoncé à Ajaccio, devant la préfecture, le blocage du Stena Carrier. « La loi n’est pas respectée en France », avait déploré le président de Corsica Maritima, François Padrona, à l’issue d’une réunion avec le préfet de Corse, Christophe Mirmand.
Du côté des syndicats de l’ex-SNCM, on ironise sur le blocage organisé par Corsica Maritima: « le principe de l’astreinte à 30.000 euros/infraction s’applique-t-il aussi au camion (…) qui bloque le Jean Nicoli ? », s’interroge ainsi sur Twitter Pierre Maupoint de Vandeul, délégué CFE-CGC.
cor-tlg/cr/cj
STEF
UNITED TECHNOLOGIES