En Finlande, un artiste transforme l’écorce de bouleau en oeuvres d’art

Asikkala (Finlande), 5 déc 2023 (AFP) – Dans sa cabane rustique des forêts du sud de la Finlande, Erkki Pekkarinen, 87 ans, taille au couteau de délicates franges d’écorce de bouleau, qui deviendront sac à main, jouet ou bijoux.

« J’ai commencé à pratiquer à l’âge de 10 ans. Cela fait 77 ans que je joue » avec ce matériau traditionnel d’Europe du nord, raconte à l’AFP M. Pekkarinen.

Le bois est généralement perçu comme une matière robuste et difficile à manier, mais le vieil homme insiste qu’avec la bonne technique, l’écorce de bouleau permet de réaliser « tout ce que vous pouvez imaginer ».

Avec sa couleur miel, l’écorce provenant de l’arbre boréal noir et blanc peut être coupée et pliée sans effort à condition qu’elle soit traitée correctement.

La galerie d’art d’Erkki Pekkarinen à Asikkala, municipalité du sud du pays nordique, est remplie d’une myriade d’objets construits uniquement avec des lamelles d’écorce tressées, sans colle ni clou.

Bijoux en bois, sacs à main, sac à dos, petits jouets en forme de canard: l’artisan a tout fabriqué.

Sa pièce maîtresse reste cependant son emblématique costume deux-pièces, assorti d’un chapeau, d’une valise et de galoches.

La tenue bruisse et craque lorsqu’Erkki l’enfile, mais est étonnamment souple: l’artiste se balade sans problème dans son studio.

Né à Lieksa, ville de l’est de la Finlande, M. Pekkarinen explique que son intérêt pour l’écorce est né lorsqu’il travaillait comme bûcheron, pendant sa jeunesse.

« J’aimais passer mon temps (…) à fabriquer toutes sortes de choses. Il y avait beaucoup de temps libre à l’époque », relate-t-il.

Il se souvient des oiseaux qui rongeaient les sacs à dos en coton de ses collègues pour leur voler leur déjeuner alors qu’ils travaillaient, tandis que son déjeuner à lui restait en sécurité dans son solide sac à dos fait d’écorce.

– Âge de pierre –

Cet artisanat est une tradition qui remonte à l’Âge de pierre. L’écorce remplissait à l’époque la même fonction que le plastique aujourd’hui: on l’utilisait pour fabriquer des boîtes de conserve, ou de petits jouets pour les enfants.

Grâce à ses propriétés imperméables, les premiers habitants de la région arctique traversaient des forêts enneigées avec des chaussures en écorce aux pieds et des sacs à dos du même matériau sur les épaules.

Le matériel était jadis si précieux qu’il a laissé sa trace dans la langue finnoise: l’expression « ramasser de l’écorce » signifie encore aujourd’hui « gagner de l’argent ».

Et avec la bonne technique, il est possible de retirer l’écorce du tronc sans tuer l’arbre, affirme Erkki Pekkarinen.

« Ce sera toujours utilisable dans 10 ans », dit-il, en tenant entre ses mains un rouleau du matériau qu’il a nettoyé et séché.

Avec ses réserves généreusement approvisionnées par ses amis et sa famille, l’octogénaire crée tout ce qui lui passe par la tête.

« Vous pouvez faire tout ce que votre imagination vous permet », dit-il en montrant à l’AFP une réplique du virus du Covid-19 de la taille d’un ballon de foot et hérissée de pointes, faite uniquement avec de l’écorce de bouleau.

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