– Assurance chômage: « urgence » –
Suspendue in extremis au soir du 1er tour des législatives, la réforme de l’Assurance chômage, qui prévoit de durcir les conditions d’accès et les règles d’indemnisation, est en haut de la pile. Les règles actuellement en vigueur ont été prolongées deux fois, mais arrivent à échéance le 31 octobre.
La nouvelle ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, qui s’était prononcée contre la réforme, avait estimé que « l’urgence » n’était pas de « réformer l’assurance chômage » mais de « rendre attractifs les métiers qui ne le sont pas » et de « lever les freins centraux à l’emploi – formation, transport, logement, garde d’enfants ». Va-t-elle garder cette ligne?
– Retraites: abrogation ou réforme ? –
Des milliers de personnes étaient descendues dans la rue contre la réforme des retraites l’année dernière sans empêcher l’entrée en vigueur du texte faisant progressivement passer l’âge légal à 64 ans. Début septembre, Michel Barnier s’était dit prêt à « ouvrir le débat » pour une « amélioration » de la réforme sans pour autant « tout remettre en cause ». Il doit rencontrer les syndicats prochainement.
« Rien ne va dans cette réforme donc on ne peut pas l’aménager », a prévenu dimanche Sophie Binet, leader de la CGT favorable à son « abrogation ». Un texte d’abrogation présenté par le RN doit être examiné à l’Assemblée le 31 octobre.
– Des enseignants en « colère » –
La nouvelle ministre de l’Education nationale, Anne Genetet, la cinquième en deux ans, aura à gérer le dossier du manque de professeurs et la crise d’attractivité du métier, l’une des « urgences structurelles » pour les syndicats. Plus de 3.000 postes ont encore été non pourvus aux concours enseignants cette année.
L’expérimentation de l’uniforme, la place des écrans à l’école ou le caractère obligatoire ou non du brevet pour passer en seconde sont également sur le bureau de la ministre proche de Gabriel Attal dont la nomination a été qualifiée de « marchandage politique », « sans considération pour l’Ecole », par le Snes-FSU qui s’est dit « en colère ».
– Un budget en souffrance –
De l’aveu même du Premier ministre, la France est dans une situation budgétaire « très grave »; le Trésor a récemment prévenu d’un risque de dérapage du déficit à 5,6% du PIB en 2024 à politique inchangée, alors que le pays est déjà épinglé par Bruxelles pour déficit excessif.
Le nouveau gouvernement a donc la lourde tâche de préparer dans l’urgence un budget qui devra passer par de fortes baisses des dépenses, et potentiellement des hausses d’impôts, le tout en s’assurant de trouver des soutiens au Parlement.
– La santé malade –
Le budget de la Sécu pour 2025, qui a déjà pris du retard, aura tout d’un casse-tête. Alors que les hôpitaux, exsangues, demandent une augmentation de 6% de leur enveloppe pour le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, la nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, devrait voir le déficit de la branche maladie se creuser à 11,4 milliards d’euros en 2024.
Autres dossiers que devra affronter Mme Darrieussecq : la désertification médicale et les inégalités d’accès aux soins, à l’origine chez beaucoup de Français d’un sentiment d’abandon.
– Des agriculteurs impatients –
Confrontés à la pire récolte de blé en 40 ans, à une flambée des épizooties frappant les cheptels ovins et bovins et à des vendanges compliquées dans certains vignobles, les agriculteurs réclament des mesures d’urgence comme le déblocage de prêts bonifiés ou une prise en charge plus importante de la vaccination.
Ils attendent surtout que le gouvernement concrétise plusieurs des promesses faites lors de la crise agricole de cet hiver. Or plusieurs projets, dont celui d’une grande loi d’orientation agricole, ont été suspendus par la dissolution.
– Outre-Mer, navigation agitée –
François-Noël Buffet, désigné ministre des Outre-mer, devra gérer plusieurs dossiers hautement sensibles. D’abord en Nouvelle-Calédonie, où treize personnes sont mortes dans les violences depuis mai, à la suite de la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral qui a, depuis, été suspendue. Il part avec l’avantage de bien connaître le dossier : il y avait piloté en mars une délégation transpartisane.
Il devra aussi traiter le dossier martiniquais: l’île des Antilles est en proie à des tensions ces derniers jours, avec des manifestations contre la vie chère.
Autre sujet: Mayotte, confrontée aux conséquences protéiformes d’une crise notamment migratoire.
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