« Le gouvernement a adopté le décret loi instaurant un nouveau régime pour la prestation de services portuaires », a déclaré le porte-parole du gouvernement Inigo Mendez de Vigo, à l’issue du Conseil des ministres.
En l’absence de réforme, Madrid s’exposait à une « condamnation imminente » de la justice européenne imposant 21,5 millions d’euros et à des pénalités de retard de 134.000 euros par jour, a aussi assuré le ministre des Transports, Inigo de la Serna.
La Commission européenne estime que le système actuel porte atteinte à « la liberté d’établissement dans les ports ».
Ce système oblige les entreprises espagnoles ou étrangères qui souhaitent faire travailler des ouvriers portuaires à passer par des sociétés gèrant l’embauche des quelque 6.000 dockers dans le pays.
Ainsi ces ouvriers chargeant et déchargeant la marchandise sont protégés et disposent d’un poste fixe.
Le décret annonce la fin du système et créé des « centres portuaires d’emploi » qui ne pourront plus monopoliser l’embauche.
Il instaure une période de transition de trois ans. La première année, il garantit 75% des emplois, puis 50% l’année suivante et enfin 25% la dernière année. L’Etat serait en outre prêt à financer les indemnités de licenciement.
Ensuite, les entreprises « pourront embaucher librement… comme dans n’importe quel secteur économique dans ce pays », a expliqué le ministre des Transports.
La réforme n’est pas du goût des dockers qui craignent qu’elle n’entraîne « une incroyable précarisation de la situation » des travailleurs, a expliqué à l’AFP un porte-parole du principal syndicat portuaire, la Coordination des travailleurs de la mer (CETM).
« Nous ne serions plus employés fixes, mais temporaires », note-t-il, en décrivant un travail dangereux, aux horaires très flexibles.
Des négociations doivent reprendre entre représentants des entreprises et des travailleurs mardi.
En attendant, le syndicat dénonce un decret « abusif » et maintient un préavis de grève de neuf jours, une journée sur deux, à partir du 6 mars.
Selon des données officielles, plus de 60% du commerce avec l’extérieur transite par les ports.
L’Espagne, avec ses 5.849 km de côtes sur la péninsule, est aussi une importante plateforme de transit de marchandises entre l’Europe et le reste du monde. Le port d’Algesiras (sud) est le premier de la Méditerranée, selon le Conseil mondial de la navigation.