Euronaval, baromètre d’un secteur en croissance et de plus en plus disputé

« Avec plus de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, la construction navale militaire est un des secteurs moteurs de l’économie mondiale », affirme Patrick Boissier, le président d’Euronaval, qui sera inauguré mardi par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

« La raréfaction des ressources minérales, énergétiques et terrestres placent la mer au centre des enjeux stratégiques », notamment autour des zones économiques exclusives (ZEE) qui abritent des ressources importantes et sont à l’origine de « tensions nouvelles ou ravivées », poursuit-il.

D’autant que 90% du commerce mondial passe par voie de mer.

C’est cette conjonction entre les ambitions maritimes de certains pays et les investissements qu’ils y consacrent qui porte le secteur, souligne Patrick Boissier, qui dirigeait jusqu’en juillet le constructeur français DCNS.

Selon les chiffres du Gican (Groupement des industries françaises de construction et activités navales, organisateur du salon), les commandes de navires militaires dans le monde s’élèvaient à 150 milliards de dollars à fin septembre 2014 et 300 milliards dans le secteur civil.

En Europe seule (hors Russie), elles représentent 36 milliards de dollars pour le secteur militaire et autant voire plus pour le civil.

Cette bonne santé du secteur se mesure au nombre de délégations officielles étrangères présentes à Euronaval, 90 en provenance de 65 pays, dont l’Inde et l’Australie, qui disposeront pour cette 24ème édition de leur propres pavillons accueillant plusieurs acteurs.

De nouveaux pays font également leur entrée dans ce salon biennal, comme la Belgique, les Emirats Arabes Unis et la Turquie.

Au total, 350 exposants, dont 55% étrangers représentants 28 pays, se réuniront au Bourget (près de Paris) du 27 au 31 octobre pour le salon, organisé par le Gican. Le thème cette année est la marine des années 2020, c’est-à-dire celle de demain et les produits qui seront lancés dans les cinq ans.

– Concurrence accrue –

Cette croissance s’accompagne d’une concurrence accrue de la part des pays émergents ou asiatiques (Turquie, Chine, Russie, Corée du Sud), qui tentent de gagner des parts de marchés sur les grands pays de la défense navale, au premier rang desquels figurent la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne.

« Les pays en voie de développement, qui ont d’abord été des pays acheteurs, sont en train d’apparaître aujourd’hui comme des concurrents sur le marché européen », explique Jean-Marie Carnet, directeur général et mémoire du salon dont il a accompagné les premiers développements.

« Ils ont acquis une certaine compétence, des chantiers qui fonctionnent et arrivent sur le marché en concurrents de l’industrie européenne », poursuit-il. « En 2012, pour la première fois, un industriel coréen est venu à Euronaval et, en 2014, ce sont deux industriels coréens, Daewoo et Hyundai, qui seront présents. »

Face à cette concurrence, la France dispose d’atouts. Dans l’Hexagone, la filière navale revendique une part de 35% des exportations française de défense, environ 7 milliards d’euros pour l’année 2013, et plus de 30.000 emplois directs.

Le champion français du secteur DCNS a remporté récemment d’importants contrats, en Egypte, en Malaisie, et affiche un carnet de commandes de 11,9 milliards d’euros au premier semestre et plus de 50 marines clientes dans le monde.

Pour mieux répondre à la demande, le groupe, propriété à 75% de l’Etat et à 25% du groupe Thales, a adapté son offre en proposant, outre de grands bâtiments de surface comme les corvettes ou frégates ou des sous-marins de tonnage intermédiaire, des navires de plus petite taille, moins onéreux.

C’est dans cette perspective qu’il a fondé en 2013 une co-entreprise, baptisée Kership, avec le constructeur de navires Piriou, avec l’ambition d’être le numéro un mondial de la construction de patrouilleurs destinés aux garde-côtes et aux douanes.

dlm/fpo/evs

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