L’inculpation a été signifiée vendredi soir dans la ville d’Ormoc, d’où était parti le ferry avec ses quelque 200 passagers, dont 45 à 56 sont morts, selon les bilans de différentes sources.
Selon les premiers éléments de l’enquête, le Kim Nirvana, un ferry de 33 tonnes qui reliait Ormoc aux îles Camotes, a tourné très brusquement après avoir quitté le port d’Ormoc, ce qui l’a fait chavirer, dans des eaux relativement calmes, a expliqué M. Dolina à l’AFP.
Les inculpés – le propriétaire du navire, son capitaine et 17 membres d’équipage – « ont été négligents, montrant qu’il y avait intention de tuer. Ils ont été imprudents sciemment », a-t-il accusé.
L’enquête de la police est séparée de celle des garde-côtes, qui cherchent à comprendre la cause du naufrage. Au terme de leur enquête, eux aussi peuvent également inculper ceux qu’ils jugent responsable de l’accident.
Des survivants ont raconté avoir vu près de 150 sacs de ciment, riz ou engrais chargés sur le ferry, et que ceux-ci n’avaient pas été fixés par des cordes comme ils auraient dû l’être, ce qui pourrait avoir causé un déséquilibre du bateau, avait indiqué plus tôt samedi à l’AFP un conseiller municipal d’Ormoc, Godiardo Ebcas.
Celui-ci a également confirmé samedi le bilan de 56 morts et 142 survivants qu’il avait déjà annoncé précédemment, ce qui ferait un total de 198 personnes à bord, quatre de plus que le maximum autorisé pour ce type de navire. Le service des garde-côtes, qui avait annoncé de son côté 45 morts et 142 survivants, n’a pas donné de nouveau bilan samedi.
« Le navire n’était pas trop chargé en terme de passagers, mais imaginez le poids de la cargaison », a lancé M. Ebcas.
Les sacs embarqués sur le ferry pèsent environ 50 kg chacun, ce qui revenait à embarquer 7,5 tonnes de cargaison.
Les passagers sur les ferries reliant Ormoc aux îles Camotes embarquent fréquemment des cargaisons de marchandises achetées en ville qu’ils rapportent vers leurs villages isolés.
Les opérations de recherche d’éventuels survivants ou de corps ont été interrompues vendredi, et le bateau remorqué vers le port.
Mal entretenus et peu contrôlés, les ferries sont l’un des principaux moyens de transport dans l’archipel philippin, qui compte plus de 7.100 îles. Ils sont empruntés par des millions de personnes trop pauvres pour prendre l’avion.
Les accidents maritimes sont fréquents aux Philippines, et sont le plus souvent dus à des normes de sécurité peu strictes, des contrôles laxistes et des navires surchargés. Le naufrage en 1987 du Dona Paz, qui était entré en collision avec un pétrolier, faisant plus de 4.300 morts, est le pire accident maritime de l’histoire en temps de paix.