« J’ai pleinement conscience d’avoir commis des illégalités », a déclaré l’accusé Rui Pinto, prenant la parole devant les juges à la fin de l’audience d’un procès qui s’est ouvert il y a plus de deux ans.
Les documents dévoilés par les « Football Leaks » à partir de fin 2015 ont mis en lumière des pratiques douteuses du foot-business impliquant joueurs et clubs célèbres, conduisant à des redressements fiscaux et à l’ouverture de procédures judiciaires dans plusieurs pays d’Europe.
Rui Pinto répond de 89 faits de piratage informatique, qui vont de la violation de correspondance au vol de données qu’il aurait commis contre le club du Sporting Portugal, le fonds d’investissement Doyen Sports, la Fédération portugaise de football, un important cabinet d’avocats et même des magistrats du parquet portugais.
Il est également jugé pour tentative d’extorsion. Selon l’accusation, le « hacker » aurait voulu faire chanter le patron de Doyen, le Portugais Nélio Lucas, lui réclamant entre 500.000 et un million d’euros pour cesser de publier des documents compromettants.
« Il n’y a aucun doute que c’est un lanceur d’alerte » et non « un criminel informatique », a plaidé lundi son avocat Francisco Teixeira da Mota, en soulignant que son client n’avait « jamais gagné un centime » avec son activité.
« Je n’allais pas plaider l’acquittement, cela n’aurait pas de sens. Une peine de prison avec sursis serait suffisante », a-t-il affirmé, alors que son client avait déjà avoué avoir commis des intrusions informatiques et regretté son comportement envers Doyen Sports.
La procureure du ministère public, qui n’a pas reconnu son statut de lanceur d’alerte, a requis sa condamnation sans préciser s’il devait écoper d’une peine de prison ferme.
Rui Pinto a passé plus d’un an en détention provisoire à la suite de son arrestation en Hongrie, en janvier 2019, avant d’accepter de coopérer avec les autorités dans d’autres affaires, devenant à la fois prévenu et témoin protégé.
Après avoir fait ses premières révélations directement sur internet, Rui Pinto a confié à partir de 2016 des millions de documents à un consortium de médias européens qui a dévoilé des mécanismes d’évasion fiscale, des soupçons de fraude et de corruption mettant en cause plusieurs célébrités du football international.
Le Portugais est également à l’origine des « Luanda Leaks », une enquête publiée en janvier 2020 accusant la femme d’affaires angolaise Isabel dos Santos d’avoir accumulé une immense fortune de manière frauduleuse.