Fukushima: les pêcheurs en colère face au patron démuni de Tepco

« Nous pensons que la façon dont votre entreprise gère l’eau contaminée a failli », s’est agacé Hiroshi Kishi, chef de JF Zengyoren, fédération de plus de 1.000 coopératives de pêche du Japon.

« Nous sommes extrêmement inquiets de l’impact incommensurable (de cette gestion) sur l’avenir de notre industrie », a-t-il poursuivi face à un patron de Tokyo Electric Power (Tepco) démuni.

« Nous sommes réellement désolés, nous allons prendre les dispositions maximum », a répondu ce dernier, Naomi Hirose.

Il était venu présenter comment son groupe compte remédier aux graves problèmes de fuites d’eau bourrée de césium, strontium et autres éléments dangereux dans l’océan Pacifique, voisin de la centrale saccagée par le tsunami du 11 mars 2011.

Tepco a notamment décidé de monter une cellule de crise et de renforcer les équipes sur le terrain pour éviter que ne se reproduise un « incident grave » comme la récente fuite de 300 tonnes d’eau hautement radioactive d’un réservoir de stockage. Une partie de ce liquide souillé a coulé jusqu’à l’océan.

La pêche, qui avait partiellement été relancée depuis juin 2012 au large de Fukushima, sera de nouveau stoppée le 1er septembre à cause des risques accrus de contamination dus aux fuites dont certaines, depuis le sous-sol de la centrale, durent en réalité depuis plus de deux ans.

Face aux inquiétudes croissantes non seulement chez les pêcheurs mais dans l’ensemble de la population nippone et à l’étranger, le gouvernement japonais ne cesse de promettre ces derniers jours qu’il va intervenir directement pour aider Tepco à venir à bout de ce dramatique problème d’eau contaminée.

« Nous voulons que l’Etat prenne sérieusement en charge la conduite des opérations », a insisté le représentant des pêcheurs.

Au total, Tepco doit déjà faire face à quelque 400.000 tonnes d’eau polluée enfouie dans le sous-sol ou stockée dans des réservoirs, un volume qui augmente chaque jour de 400 tonnes, sans compter les 300 tonnes environ qui filent quotidiennement en mer.

« Notre premier devoir est de protéger l’environnement et les personnes, en prenant des mesures pour minimiser les risques d’accident et, le cas échéant, pour éviter une aggravation », a pour sa part déclaré jeudi lors d’une conférence de presse le patron de l’autorité indépendante de régulation nucléaire, Shunichi Tanaka.

« Nous ne sommes certes pas dans une situation où toutes les ressources marines sont contaminées par la radioactivité, mais je pense qu’il est nécessaire de suivre ce qui se passe de façon systématique et de fournir les informations au public. C’est ce que nous allons commencer à faire », a assuré M. Tanaka.

Jusqu’à présent, des prélèvements et contrôles d’eau de mer sont effectués par différentes institutions et personne ne sait à quel saint se vouer.

Mercredi, Tepco avait publié les plus récents résultats de ses propres tests sur diverses espèces de poissons pêchés dans un rayon de 20 km au large de la centrale, mais ces mesures sont extrêmement limitées et n’inspirent aucune confiance au public.

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