Est-ce un deuxième porte-avions?
Non. Le Charles-de-Gaulle, entré en service en 2001, arrivera en fin de vie en 2038. Le futur porte-avions devra, lui, « être à la mer pour ses premiers essais en 2036 » afin de pouvoir lui succéder, selon la ministre des Armées Florence Parly.
Il sera construit par Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, seul chantier naval en France à disposer d’une « forme » suffisamment grande pour bâtir un navire de cette taille.
Depuis le retrait du service du Clemenceau et du Foch, la question d’un deuxième porte-avions revient de manière lancinante. Il permettrait d’assurer une permanence à la mer du groupe aéronaval mais la question est sans cesse repoussée pour raisons budgétaires.
Quelles sont les avantages et inconvénients de la propulsion nucléaire?
Les chaufferies nucléaires offrent une autonomie accrue et permettent un gain de place en soute: le Foch et le Clemenceau utilisaient chacun 800 tonnes de carburant par jour et devaient ravitailler à la mer tous les deux ou trois jours.
Cela imposait « une interruption de l’activité aérienne pendant plusieurs heures ainsi qu’une route de ravitaillement déterminée par les conditions météo du moment, ce qui était un renseignement de choix pour un adversaire potentiel », explique l’amiral Edouard Guillaud, ancien chef d’état major interarmées, dans une note de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
Le Charles-de-Gaulle n’a besoin d’être ravitaillé en carburant d’aviation, vivres et munitions que tous les dix jours.
Plus coûteux que la propulsion diesel, le nucléaire impose en revanche une indisponibilité de près de deux ans tous les dix ans pour changer le combustible.
Pourquoi le choix du nucléaire?
Le choix de la propulsion nucléaire n’est pas « pas tant justifié par la question de l’autonomie du porte-avions que par la question de la filière nucléaire et la dissuasion », résumait une source ministérielle avant l’annonce présidentielle.
Il s’agit de maintenir les compétences en matière de réacteurs embarqués, indispensables à l’autonomie et à la discrétion acoustique des futurs sous-marins, fers de lance de la dissuasion nucléaire.
« En matière de conception, le cycle actuellement considéré pour conserver des bureaux d’étude au niveau suffisant est de l’ordre de 15 à 20 ans (…) Au-delà, les équipes d’ingénieurs et de techniciens se délitent et l’effort pour les reconstituer est énorme, souvent difficilement atteignable », justifie l’amiral Guillaud.
Pour le sénateur Cédric Perrin, « si on en est là avec l’EPR aujourd’hui (le réacteur civil dont la construction accumule retards et surcoûts, NDLR), c’est parce qu’EDF a perdu la compétence et si on veut que ça n’arrive pas dans la défense, il faut préserver la compétence ».
Les deux chaufferies du futur porte-avions, conçues par TechnicAtome, seront une évolution, plus puissantes, de celles embarquées dans le Charles-de-Gaulle.
A quoi ressemblera-t-il?
Le futur porte-avions sera beaucoup plus massif que l’actuel. Il fera 75.000 tonnes pour environ 300 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles-de-Gaulle, soit davantage que les deux porte-aéronefs britanniques, moins que les onze porte-avions américains.
Il sera en effet amené à embarquer 30 futurs avions de combat Scaf, plus gros et plus lourds que les Rafale auquel ils succèderont. Son équipage sera composé de 2.000 marins.
Dépendante des Américains dans ce secteur, la France devrait elle aussi adopter les catapultes électromagnétiques, plus longues que les actuelles et capables de propulser des avions plus lourds.
Le navire devra en outre disposer de réserves d’espace, pour accueillir éventuellement de nouveaux armements, notamment des armes à énergie dirigée, et des drones.
Combien coûtera-t-il?
Le coût de développement et de construction « sera très certainement supérieur à 5 milliards d’euros », estiment les sénateurs Olivier Cigolotti et Gilbert Roger auteurs d’un rapport sur la question en juin. Si le coût de construction du porte-avions nucléaire est supérieur à celui d’un porte-avions à propulsion diesel, son coût de fonctionnement sera « plutôt inférieur », selon la cabinet de Mme Parly.
Environ 900 millions d’euros seront consacrés aux études techniques et d’esquisse d’ici à la fin 2025 quand débutera sa construction, dont 117 millions en 2021.
mra/tq/LyS
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