Partis du Vieux-Port de Golfe-Juan, les bateaux ont rejoint symboliquement le Vieux-Port de Cannes, localité où se trouve le siège de la société à l’origine de ce projet de ferme aquacole, a constaté un journaliste de l’AFP.
D’une superficie de 24.000 m2, elle doit s’installer, si les autorités lui donnent le feu vert, entre Vallauris-Golfe-Juan et les îles de Lérins, en face de Cannes.
Le cortège, marqué de près par un navire de la gendarmerie maritime, a entonné, sur fond de fumigènes, un concert de klaxons et de cornes de brume à son arrivée à Cannes.
« Nous sommes dans l’une des plus belles baies du monde et nous avons ce projet qui, à cause des risques de pollution, est une menace pour le tourisme et pour l’aire marine protégée voisine, et qui entraîne aussi des dangers pour la navigation », a déploré Jean-Marie Deruelle, président du Club nautique de Golfe-Juan.
La demi-douzaine de pêcheurs professionnels de Golfe-Juan sont eux aussi vent debout contre ce projet.
« Nous ne sommes pas contre l’aquaculture mais pas comme ça, pas de manière industrielle », a indiqué Patrick Wolff, deuxième prud’homme de pêche d’Antibes-Golfe-Juan. Selon lui, le projet va en outre priver les pêcheurs d’une zone de travail de 12 hectares.
Avec ce projet, la société Aquafrais Cannes, qui exploite déjà plusieurs fermes sur cette partie du littoral de la Côte d’Azur et produit 570 tonnes de poisson par an, prévoit de porter sa production d’ici à 2026 à 1.200 tonnes.
Pour atteindre cet objectif, elle rassemblerait trois concessions éparses déjà existantes et se doterait d’une structure unique de 24.000 m2 au large de Vallauris-Golfe-Juan.
La société, qui réalise un chiffre d’affaires d’environ cinq millions d’euros par an, prévoit d’investir « plusieurs millions d’euros, ce qui permettra d’augmenter la production de poissons nobles en France, à savoir des daurades royales et des loups (le nom méditerranéen du bar), de créer 20 emplois en plus des 35 existants, dans le respect des normes environnementales », a expliqué à l’AFP son directeur général Jérôme Hémar.
Selon lui, le projet dont la qualité a été « reconnue » par la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) dans son avis rendu en octobre, « offre toutes les garanties pour l’environnement, car il est éloigné des herbiers de posidonie » dont les forêts sous-marines constituent des nurseries pour les poissons.
Selon l’avis de la MRAE, consulté par l’AFP, le projet est bien situé dans un périmètre « propice » à l’aquaculture recensé par le schéma régional de développement de l’aquaculture marine mais l’organisme estime que les « impacts attendus du changement climatique » n’ont pas suffisamment été intégrés par l’entreprise.
Le réchauffement climatique peut, en effet, favoriser le développement de bactéries pathogènes et donc l’apparition de maladies dans les élevages aquacoles, obligeant à l’emploi d’éventuels traitements antibiotiques.