Des chercheurs basés au Danemark, aux Etats-Unis et en France ont utilisé des milliers d’images satellites, les combinant avec des mesures de terrain et des modèles pour reconstruire l’évolution de ces plateformes qui prolongent les glaciers sur l’eau.
« Depuis 1978, les plateformes de glace du Nord Groenland ont perdu plus de 35% de leur volume total, trois d’entre elles s’effondrant complètement », sur les huit présentes dans la région, concluent les auteurs dans la revue Nature Communications.
« La raison principale est qu’elles ont fondu en dessous avec le réchauffement des eaux océaniques », explique à l’AFP Romain Millan, chercheur au CNRS et à l’université de Grenoble, auteur principal de l’étude.
« On a mis en évidence une augmentation très importante de la fonte depuis les années 2000, qui correspond de manière évidente à l’augmentation des températures des océans dans ce secteur et durant cette période », indique-t-il.
La fonte de ces plateformes ne contribue pas directement à l’élévation du niveau des océans.
En revanche, ces plateformes jouent un rôle de « barrage » régulant la quantité d’eau douce glacée provenant de la calotte déversée dans l’océan et qui, elle, participe à ce phénomène.
La disparition de ces barrages naturels a donc des effets importants sur les glaciers, dont les points d’ancrage au sol reculent et qui déversent plus de glace qu’auparavant.
« Par exemple le glacier Zachariæ Isstrøm, qui a perdu sa plateforme dans les années 2003, a ensuite presque doublé la quantité de glace qu’il déchargeait dans l’océan », remarque Romain Millan.
Ces conclusions sont d’autant plus alarmantes que les glaciers de cette région étaient jusqu’alors considérés comme stables par les scientifiques, contrairement à d’autres zones plus sensibles de la calotte polaire qui ont commencé à se fragiliser dès le milieu des années 1980.
« Ce qui va se passer au niveau des pôles et du niveau des mers dans le futur va dépendre des décisions qui vont être prises par les politiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », rappelle le chercheur à quelques semaines de la COP28 sur le climat à Dubaï (30 novembre-12 décembre).