Dans un commentaire publié dans la revue Nature avant la Conférence des Nations unies pour l’océan (UNOC-3) du 9 au 13 juin à Nice, une douzaine de chercheurs plaident pour une meilleure protection des habitats marins dans les eaux internationales, qui couvrent près de la moitié de la planète.
Leur exploitation « risque de causer des dégâts irréversibles », écrivent-ils.
Callum Roberts, professeur de conservation des milieux marins à l’université britannique d’Exeter, et l’un des auteurs de l’article, suggère de s’inspirer des accords internationaux pour protéger l’Antarctique en tant que « bien commun planétaire ».
Les gouvernements devraient s’accorder pour laisser la haute mer « intacte » afin d’éviter « des conséquences potentiellement catastrophiques d’une exploitation que l’on ne peut pas contrôler », a-t-il dit à l’AFP.
Ces espaces sont plus que jamais menacés, le président américain Donald Trump ayant ouvert la porte à l’extraction minière sous-marine en haute mer.
Dans leur article appelant à interdire toute forme d’extraction « pour toujours », les experts estiment qu’il faut aller plus loin que le traité pour protéger la haute mer, adopté en 2023 mais qui doit encore atteindre 60 ratifications pour entrer en vigueur. La France espérait les obtenir à Nice mais les attend désormais « d’ici la fin de l’année ».
Les animaux marins ne constituent pas seulement une matière première pour les être humains mais jouent aussi un rôle de premier plan dans le cycle du carbone affectant l’air que l’on respire. La recherche suggère que sans ce processus, le réchauffement planétaire aurait déjà atteint jusqu’à 3°C, près de deux fois plus qu’aujourd’hui, souligne Callum Roberts.
Des nutriments issus de cadavres ou d’excréments nourrissent aussi la vie marine, qui peut ensuite absorber plus de CO2. Mais ce processus est aujourd’hui menacé par la tentation de pêcher toujours plus profond.
Protéger les habitants des mers n’est pas un acte altruiste, souligne Callum Roberts. « La planète est en grave danger face au changement climatique et nous devons actionner tous les leviers possibles pour en ralentir le rythme », juge-t-il.
Quant à l’exploitation minière en eaux profondes, « l’argument selon lequel on en a besoin pour alimenter la transition verte ne tient pas debout ».
« Une fois en marche, les choses sont beaucoup plus difficiles à arrêter », met-il en garde.