Inquiets pour l’aéroport, des Libanais fuient par bateau

Tripoli (Liban), 19 oct 2024 (AFP) – Avec des frappes israéliennes très proches de l’aéroport de Beyrouth, des centaines de Libanais préfèrent fuir la guerre entre le Hezbollah et Israël par bateau depuis la ville septentrionale de Tripoli, épargnée jusqu’ici par les bombes.

En septembre, l’armée israélienne a prévenu qu’elle ne laisserait pas l’Iran envoyer des armes à son allié libanais par l’aéroport de Beyrouth, faisant planer la menace d’un bombardement sur le seul terminal aérien du pays.

Depuis, la demande pour les bateaux en partance vers la Turquie a explosé. Le capitaine Salem Jleilati rapporte qu’ils transportent désormais 900 passagers par semaine, contre 150 avant l’intensification des raids israéliens.

Hassan Alik, 31 ans, s’apprête à embarquer samedi pour 13 heures de navigation.

« Je pars d’ici parce que j’ai trop peur d’aller à l’aéroport », dit à l’AFP ce Libanais qui a fui la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah voisin de l’aéroport et bombardé quasi-quotidiennement par Israël.

Et même « si j’achète un billet d’avion, l’aéroport peut être bombardé », poursuit-il.

En 2006, lors de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, l’aéroport avait rapidement été mis hors service par des frappes.

Et depuis que les échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et la formation pro-iranienne lancés en octobre 2023 ont tourné à la guerre ouverte fin septembre dernier, seule la compagnie aérienne nationale, Middle East Airlines (MEA), atterri et décolle encore de Beyrouth.

Les énormes navires du port de Tripoli ne chargeaient avant que des marchandises. Mais depuis un an, ils ont commencé à transporter des passagers pour environ 350 dollars (320 euros), rapporte le capitaine Jleilati.

Mouammar Malas, 52 ans, qui habite le nord du Liban préfère « prendre le bateau parce que c’est trop compliqué d’arriver jusqu’à l’aéroport » avec des bombardements qui ont visé le nord, dans des zones pourtant éloignées des bastions du Hezbollah.

Mohammed Hawar, 22 ans, a, lui, essayé de rester au Liban. Il a d’abord quitté sa ville de Nabatiyeh, dans le sud du pays, où de récentes frappes ont tué 25 personnes, dont le maire et plusieurs de ses conseilleurs, puis le sud de Beyrouth.

Aujourd’hui, il estime que « le mieux à faire maintenant, c’est de fuir le Liban ».

Pour Israa Soueidane, Palestinienne du camp de réfugiés de Beddaoui, dans le nord du Liban, les bateaux sont aussi « l’option la plus sûre actuellement ».

Depuis le 23 septembre, au moins 1.454 personnes ont été tuées au Liban, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Plus d’un million de personnes ont en outre été forcées de fuir leurs maisons.

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