Samedi, les électeurs islandais ont durement sanctionné le parti social-démocrate, qui avait lancé la candidature à l’UE en 2009, et fait campagne pour aller au bout du processus.
Les vainqueurs, le Parti de l’indépendance (droite) et le Parti du progrès (centre), y ont toujours été hostiles.
« C’est quelque chose de distant, personne n’était intéressé », souligne Hannes Holmsteinn Gissurarsson, professeur de science politique à l’université de Reykjavik, connu dans le débat national comme résolument anti-UE.
« Il y a eu un sondage avant les élections sur les problèmes qui importaient le plus aux électeurs. L’UE est arrivée en 10e ou 12e position », déclare sa collègue Silja Bara Omarsdottir.
Le Parti de l’indépendance, arrivé en tête avec 26,7% des suffrages, a proposé durant la campagne d’organiser un referendum pour savoir s’il fallait continuer de négocier avec Bruxelles.
Son probable partenaire, le Parti du progrès (24,3%), a simplement dit qu’il estimait que, dans l’intérêt du pays, il vallait mieux rester en dehors de l’Union.
Dimanche, les deux partis négociaient une plateforme gouvernementale qui devrait inclure, si ce gouvernement devait être formé, soit un projet de referendum, soit un arrêt pur et simple du processus d’adhésion.
D’après Mme Omarsdottir, si il y a un referendum sur l’UE, ce ne devrait pas être une des priorités du gouvernement à venir.
Le sujet n’a pas été abordé lors de la nuit électorale sur la télévision publique RUV. Il ne fait pas vraiment débat puisque les sondages prédisaient depuis plusieurs mois la victoire des eurosceptiques.
Les discussions avec l’UE ont avancé à un bon rythme depuis 2010. Mais le sujet épineux de la pêche reste à aborder.
Quasi unanimement, les Islandais souhaitent garder le contrôle total de leur politique dans ce secteur, plutôt que de se fondre dans un ensemble communautaire et négocier avec des pays qui, comme le Royaume-Uni ou l’Espagne, auraient intérêt à abaisser les quotas islandais.
L’Islande a pêché 1,15 million de tonnes de poisson en 2011, l’équivalent de plus d’un cinquième des prises des 27 pays de l’UE. Elle est engagée avec les 27 dans une « guerre du maquereau », Bruxelles l’accusant de trop pêcher de cette espèce.
« Les gens sont curieux de savoir si l’Islande pourrait négocier une exception sur la pêche », relève Stefania Oskarsdottir, professeur de science politique à l’université d’Islande.
« Les partisans de l’UE vous diront que oui, ses adversaires vont diront que c’est impossible. Et on ne peut pas savoir qui a raison tant que l’Islande ne signe pas d’accord d’adhésion », ajoute-t-elle.
D’après les sondages, une majorité d’Islandais souhaitent avoir un jour un referendum. Le « non » serait favori car ils voient mal ce qu’ils ont à gagner dans l’adhésion à l’UE.
Leur pays est déjà intégré dans l’Europe. Il a un traité commercial avec l’UE, est membre de l’Association européenne de libre échange (AELE) et fait partie de l’espace Schengen.