Partis de Libye à bord de deux embarcations distinctes, quelque 140 migrants avaient été secourus par des vedettes des garde-côtes jeudi soir – le jour où plus de 110 autres sont morts ou disparus dans un naufrage au large de la Libye – et transférés sur ce ravitailleur.
Dans un communiqué dimanche soir, les garde-côtes italiens ont précisé avoir agi à la demande de Malte –responsable des secours dans la zone où ils se sont déroulés– et « sur indications du ministère de l’Intérieur ».
Mais depuis, le ministère de Matteo Salvini refuse le débarquement tant qu’un plan de répartition immédiate n’aura pas été convenu avec l’UE.
Cette démarche semble destinée à tester la résolution du président français, Emmanuel Macron. Celui-ci avait annoncé lundi un accord entre 14 pays européens pour mettre en oeuvre un « mécanisme de solidarité », immédiatement raillé par M. Salvini parce qu’il partait du principe que les migrants devaient d’abord débarquer en Italie.
Six personnes ayant besoin de soins ont été évacuées dès jeudi soir vers l’île de Lampedusa et samedi soir, une femme enceinte de sept mois a aussi pu débarquer en Sicile avec ses deux jeunes enfants et son compagnon.
Après avoir passé la journée de samedi en rade de Catane, le Gregoretti a accosté dans la nuit dans le port d’Augusta, un peu plus au sud.
Si les médias ont pu filmer samedi depuis Catane les efforts dérisoires des migrants pour se protéger du soleil sur le pont, l’enceinte du port d’Augusta est restée fermée à la presse toute la journée de dimanche.
L’amiral à la retraite Giuseppe De Giorgi, ancien chef d’état-major de la marine italienne qui avait lancé la vaste opération de secours italienne Mare Nostrum en 2013, a exprimé dimanche sa « pleine solidarité » avec l’équipage du Gregoretti, lui aussi bloqué à bord.
Il a salué dans un communiqué les garde-côtes « engagés malgré tout à accomplir avec honneur leur devoir de marins pour protéger la vie en mer ».
A la mi-journée, le pape François a pour sa part exprimé sa « douleur » après le naufrage de jeudi et a lancé un nouvel appel à agir « avec promptitude et décision » pour éviter de nouvelles tragédies.
En août 2018, des dizaines de migrants étaient restés bloqués 10 jours sur un navire des garde-côtes italiens. Ils avaient pu débarquer après un accord entre l’Eglise italienne, l’Irlande et l’Albanie pour les prendre en charge.
Le parquet d’Agrigente (Sicile) avait alors ouvert une enquête pour séquestration contre M. Salvini, mais le Sénat avait bloqué les poursuites.