« Si les conditions de météo marine le permettent, les opérations commenceront lundi à 4H00 GMT », a déclaré le chef de la Protection civile, Franco Gabrielli, lors d’une conférence de presse à Rome.
L’opération devrait démarrer à l’aube et finir théoriquement 7 ou 8 heures plus tard.
Il s’agit d’une opération gigantesque, qui n’avait « jamais été réalisée auparavant » et pour laquelle « rien n’a été laissé au hasard », a assuré M. Gabrielli.
Entièrement pris en charge par l’armateur, le coût de l’opération dépasse déjà les 600 millions d’euros et « il augmente », a précisé Franco Porcellacchia, chef du projet pour Carnival, le groupe américain qui contrôle la compagnie Costa.
Le naufrage du navire le 13 janvier 2012, avec 4.229 personnes à bord, avait fait 32 morts dont deux n’ont jamais été retrouvés. Ces corps pourraient d’ailleurs être mis à jour pendant l’opération de redressement du paquebot.
Des centaines d’ingénieurs et techniciens sont mobilisés depuis plus d’un an et demi pour préparer le paquebot de croisières de 57 mètres de hauteur -l’équivalent d’un immeuble de 11 étages- et 114.500 tonnes à l’épreuve très délicate et complexe de « parbuckling » (rotation).
Aujourd’hui, a expliqué le Sud-Africain Nick Sloane, expert de la compagnie américaine Titani, qui mène les opérations avec l’Italien Micoperi, « le bateau ne peut pas passer plus de temps sur le flanc », alors que les dommages subis par la partie de la coque appuyée sur les rochers sont encore inconnus. « On ne peut plus attendre », a-t-il lâché.
Seule la météo pourrait retarder le processus. Ce n’est pas la pluie qui « peut poser problème, mais un fort vent et l’état de la mer », a expliqué Nick Sloane, selon lequel « le pire scénario, ce serait un coup de sirocco, avec de grandes vagues, et violentes ».
Le navire, complètement couché sur le flanc droit, a été stabilisé grâce à des centaines de sacs de ciment déposés sur le fond matin par des plongeurs et à une plateforme, de la taille d’un terrain de football, forée dans le sous-sol marin, sur laquelle viendra reposer le navire.
« Une fois que le bateau entamera la rotation (au moyen d’énormes câbles d’acier reliés à des tourelles installées pour l’occasion, ndlr), la force de gravité est énorme, on ne pourra pas l’arrêter », a expliqué M. Sloane.
« Quand le bateau sera stabilisé à la verticale sur la plateforme, que tout sera dans la position prévue, alors on pourra dire alors que l’opération aura été un succès », a-t-il ajouté.
Interrogé sur les risques, M. Gabrielli a expliqué qu’ils ne résidaient pas dans le fait que le navire se brise en deux mais plutôt qu’il « ne parvienne pas à pivoter ». « Nous en sommes aux trois quarts du projet et, jusqu’à présent, tout s’est déroulé comme prévu », a-t-il affirmé, confiant.
Autre point délicat: les éventuels épandages de liquides ou de matières toxiques provenant du bateau dans les eaux bordant l’île du Giglio, fleuron du Parc national de l’archipel toscan. Considérée comme la plus grande réserve marine d’Europe, ses eaux profondes regorgent de poissons et les récifs submergés abritent murènes, langoustes, crabes et moules géantes.
« Tout sera fait pour éviter toute contamination ou dégradation », a précisé Maria Sargentini, présidente de l’Observatoire de l’environnement.
Sergio Girotto, responsable du projet pour Micoperi, a dit avoir « l’esprit tranquille », ses équipes étant « habituées à raisonner comme des ingénieurs » et non selon des « sentiments ».
« Nous avons hâte que l’opération commence, nous sommes excités et impatients », a renchéri M. Sloane.
Ce n’est que dans plusieurs mois que le navire sera renfloué et remorqué loin du Giglio.
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