La consommation s’envole: le saumon a désormais un « future » radieux

Située à Bergen sur la façade maritime occidentale de la Norvège, Fish Pool est la toute première salle de marché internationale certifiée à gérer l’achat et la vente de contrats dérivés du saumon (futures et options).

Encore confidentiel, le marché devrait avoir généré en 2013 un volume de transactions estimé entre 100.000 à 120.000 tonnes.

Les industriels d’Europe et de Russie couvrent désormais 10% de leur achats à la Bourse norvégienne, souligne François Perrone, directeur de marché chez Fish Pool.

Comme sur n’importe quel marché à terme, vendeurs et acheteurs s’entendent de manière anonyme sur un prix de saumon fixé à l’avance – le produit de référence étant un saumon frais de 3 à 6 kg- et qui ne fera l’objet d’aucune livraison physique. A échéance, une des contreparties, tantôt l’acheteur, tantôt le vendeur, aura à payer la différence entre le prix contracté et le prix de référence, explique Bruno Bensaïd, consultant et formateur sur le marché à terme de Bergen chez Offre et demande agricole.

« Cet outil de gestion a des perspectives de développement formidables dans les vingt prochaines années, car la consommation du saumon s’est démocratisée depuis 1960 et la demande est en croissance constante », ajoute M. Perrone.

En 2013, l’Europe reste le premier importateur de saumon: Pologne en tête avec 82.000 tonnes en 2013, suivie de la France (78.000 tonnes), de la Russie (74.000 tonnes), du Royaume-Uni, de l’Espagne, la Hollande et l’Allemagne.

Pour répondre à l’engouement croissant des consommateurs qui l’utilisent frais, fumé et maintenant cru dans les sushis, la production mondiale de saumon d’élevage, assurée par la Norvège, le Chili, l’Écosse et le Canada, a dépassé 2 millions de tonnes en 2012, soit une hausse de 22% par rapport à 2011.

Sans spéculateurs, point de survie

En 2013, elle devrait encore progresser de 1% et en 2014 de 7%, selon les estimations de Marine Harvest, le plus gros acteur aquacole norvégien.

Avec un coût de production de 26 couronnes norvégiennes par kilo (3,56 euros) pour un prix moyen à la fin septembre de 35,70 couronnes le kilo (5,08 euros), le marché peut engranger de super profits, reconnaît M. Perrone.

Cet type d’élevage est d’autant plus rentable qu’il faut environ 1,2 kg d’aliments pour produire 1 kg de poisson, contre 7 à 8 kg pour 1 kg de viande de boeuf, ajoute-t-il.

Ils sont environ 200 éleveurs aquacoles, exportateurs, industriels, fumeurs et investisseurs financiers, nordiques pour la plupart, à fréquenter quotidiennement cette salle de vente détenue quasiment à 100% par la Bourse d’Oslo.

Quelques grands noms de la distribution françaises – Carrefour, Intermarché, Delpeyrat ou Fleury Michon – sont déjà sensibilisés à l’intérêt d’une couverture sur ce marché du saumon frais pour bâtir leur stratégie commerciale, indique M. Bensaïd.

Quant aux spéculateurs, ils représentent 10% des acteurs de la salle de marché, selon M. Perrone, un pourcentage largement insuffisant puisque il en faudrait, selon lui, trois fois plus.

« Une salle de marché est comme une rivière et les spéculateurs sont l’eau de la rivière. S’il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de rivière », explique M. Perrone.

En d’autres termes, ce sont eux qui créent la liquidité qui rendent les contrats disponibles, en se positionnant sur les marchés quand acheteurs et vendeurs font de la rétention.

« Les spéculateurs ont leur place à Bergen, sans eux nous n’existerions pas », insiste-t-il.

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