Ce bateau ovale encore à l’état de maquette devrait être prêt à « l’horizon 2025 » pour entamer sa mission scientifique longue de deux décennies dans les eaux du pôle Nord, a déclaré mardi le directeur général de la fondation Romain Troublé, lors d’une conférence de presse à Paris.
« C’est la sentinelle du réchauffement climatique, l’Arctique se réchauffe trois fois plus vite » que la moyenne de la planète, a-t-il ajouté auprès de l’AFP, justifiant le retour de ses équipes dans cette zone, quinze ans après l’aventure de 17 mois de la goélette Tara qui a jusqu’ici été au coeur des expéditions de la fondation.
La « Polar Station », laboratoire dérivant de 26 mètres sur 14 qualifié de « vigie du pôle Nord », pourra accueillir jusqu’à vingt membres d’équipage en été et douze en hiver, pour des dérives de 500 jours au milieu des glaces de l’Arctique. Elle sera propulsée par de l’énergie décarbonée.
Sa mission: « comprendre la biodiversité, comment l’écosystème s’adapte au pôle Nord, comment il va changer (…) et également l’impact du changement climatique sur ces écosystèmes », a précisé Romain Troublé. Les effets des pollutions au mercure ou au plastique venues du Sud seront aussi mesurés.
« Essentiellement gelé toute l’année », l’océan Arctique « va être dégelé en été, avec tous les changements que ça implique sur la biologie, sur la chimie atmosphérique, sur la météorologie », a quant à lui alerté Gerhard Krinner, climatologue spécialiste des pôles et membre du groupe d’experts climat de l’ONU (Giec).
Le coût de conception de la « Polar Station » s’élève à 18 millions d’euros, un budget « déjà complété », a affirmé Romain Troublé. L’État y participe à hauteur de « 13 millions d’euros » provenant des « 700 millions d’euros » de la stratégie polaire de la France, selon l’ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes Olivier Poivre d’Arvor.
Des scientifiques russes devaient initialement prendre part à la mission, mais « les collaborations ont été gelées » en raison de l’invasion de l’Ukraine. Les travaux avec le Conseil de l’Arctique ont également été suspendus, a souligné Olivier Poivre d’Arvor, la Russie ayant la présidence jusqu’en 2023.