Pour la sixième fois depuis mi-août, « le ministère public a demandé une prolongation de quatre semaines de la période de détention provisoire », a écrit à l’AFP la procureure en charge du dossier, Mariam Khalil.
De son côté, son avocate Julie Stage plaide pour sa remise en liberté. « Je vais demander sa remise en liberté immédiate », a-t-elle dit.
Pourtant, pour ses soutiens, la décision est prise d’avance, la cour ira dans le sens du Parquet.
« C’est ubuesque. A chaque fois c’est la même chose, on se demande même pourquoi ils convoquent l’audience », s’indigne la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.
L’Américano-Canadien, qui fête ses 74 ans lundi, a été arrêté à Nuuk, capitale du Groenland, territoire autonome danois, le 21 juillet. Il était alors en route avec son navire le John Paul DeJoria pour intercepter un navire-usine baleinier nippon flambant neuf.
C’est dans une autre affaire de chasse à la baleine, remontant à 2010, que le Japon demande son extradition, qualifiée de « politique » par ses défenseurs.
Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson est une figure emblématique de la lutte contre la chasse à la baleine.
– Décision en suspens –
Le ministère de la Justice danois, qui a consulté dans cette affaire la police groenlandaise et la direction générale du parquet, a indiqué à l’AFP qu’il rendrait sa décision concernant l’extradition « bientôt ».
« Le ministère danois de la Justice traite actuellement la demande d’extradition (…) et devrait bientôt prendre une décision dans cette affaire », a-t-il écrit.
Pour l’avocate de Paul Watson, Julie Stage, cette décision devrait intervenir « d’ici 14 jours ».
Fin novembre, ses défenseurs ont exhorté le ministre danois de la Justice Peter Hummelgaard de refuser l’extradition.
Si telle était la décision, « il n’y aurait plus de motif de détention et (Paul Watson) serait libéré », a expliqué la procureure en charge du dossier.
Dans le cas inverse, ses défenseurs feraient appel.
Le Japon, qui a relancé une demande émise en 2012 via une notice rouge d’Interpol, l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.
Dans le détail, le militant est poursuivi pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard.
Mi-septembre, ses avocats ont saisi le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, dénonçant notamment le risque qu’il encourt de « subir (d)es traitements inhumains (…) dans les geôles japonaises ».
Selon eux, ce délit n’est pas passible de prison selon le droit groenlandais, ce que conteste le parquet de Nuuk.
Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre nippon des Affaires étrangères Takeshi Iwaya avait estimé début octobre que la demande d’extradition de son pays relevait de « l’application de la loi » plutôt que de la pêche à la baleine.
La détention de Paul Watson, personnalité connue pour ses actions coups de poing, a soulevé un élan de sympathie dans l’opinion publique, surtout en France où il vit depuis 18 mois, et chez les protecteurs de l’environnement.
La pétition pour sa libération dépasse les 210.000 signatures, tandis que quelque 220.000 ont été déposées pour soutenir sa demande de nationalité française.