Les armateurs historiques, eux, ne souhaitent pas voir arriver de nouveaux acteurs, alors que ce poisson gastronomique à la chair délicate avec un arrière-goût de noisette, a vu son prix baisser et les quotas de pêche alloués diminuer ces dernières années.
« Ca fait maintenant deux ans que l’Etat travaille sur l’évolution du plan de gestion qui règlemente la pêcherie de légine », rappelle à l’AFP Sébastien Camus, président de RPA.
Selon lui, cette évolution « devait apporter à la fois une plus grande stabilité pour les armateurs (quotas sur trois ans au lieu d’un an), mais aussi une plus grande concurrence et un meilleur retour économique pour le territoire réunionnais ».
« Un seul objectif est rempli », le premier, affirme M. Camus, alors que le nouveau dispositif ferme de fait la porte à l’entrée de nouveaux acteurs dans cette pêcherie, ce qui est la « marque d’une ultra-protection de l’oligopole en place ».
M. Camus pointe du doigt le Syndicat des armements réunionnais de palangriers congélateurs (SARPC), dans lequel on retrouve six armements – Comata, Pêche Avenir, Cap Bourbon, Sapmer, Armas Pêche et Armements réunionnais – qui exploitent sept palangriers, pêchant 5.900 tonnes de poissons à l’année, soit un peu plus de 800 tonnes par bateau.
« Ceux qui essayent de rentrer se voient opposer des barrières infranchissables », affirme M. Camus, qui dénonce des « critères d’éligibilité essentiellement basés sur l’antériorité »: « quand on rapporte la note sur 20, si vous n’êtes pas déjà dans la pêcherie depuis six ans, vous perdez d’office huit points », affirme-t-il.
– Un poisson prisé par les cétacés –
De son côté, Adrien de Chomereau, vice-président du SARPC et directeur général de la Sapmer, évoque la « centaine de millions d’euros » investis par les pionniers de la pêcherie pour construire des bateaux innovants et robustes pour tenir dans les mers australes ».
La légine est en effet pêchée à 3.000 kilomètres de la Réunion, « dans les Cinquantièmes rugissants, avec 10 à 15 mètres de creux ».
« Depuis trois ans, les quotas ne cessent de diminuer et vont continuer à baisser, parce que vous avez le phénomène croissant et très inquiétant de la déprédation des orques et des cachalots », ajoute le représentant du SARPC, selon qui le prix moyen du poisson a baissé de l’ordre de 30% par rapport à 2016: « Elle se vend à moins de 25 dollars le kilo, contre plus de 35 dollars au plus haut ».
Le député Jean-Hugues Ratenon (LFI) avait interpellé le 19 juin la ministre des Outre-mer, dénonçant de nouveaux critères de sélection qui favorisent les gros armateurs au détriment des « vrais pêcheurs réunionnais », lors de la séance de questions au gouvernement.
« Les critères de sélection, c’est la première fois, ils vont être transparents », lui avait répondu Annick Girardin, évoquant la mise en place d’une « commission indépendante », chargée de classer les offres.
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