A l’issue d’une surveillance du bateau suspect sur requête du parquet de Catane, l’opération s’est déroulée à 500 kilomètres au sud-est du port de Capo Passero (est de la Sicile) alors que les conditions météo devenaient difficiles.
Dans le jargon des secours en mer, le bateau arraisonné est un « nave madre » (« navire mère »): ce type de bâtiment reste en haute mer et fait embarquer discrètement les immigrés sur des plus petites embarcations -canots pneumatiques, vieilles barques de pêcheurs- qu’il laisse naviguer vers les côtes italiennes.
La surveillance a été effectuée en ayant recours pour la première fois à un petit submersible, le Gazzana.
La Marine a porté secours à 176 Syriens –146 hommes, 11 femmes dont 3 enceintes et 19 enfants dont un handicapé– qui dérivaient sur une embarcation mise à la mer par les passeurs.
Un autre navire italien, le Stromboli, les a secourus puis les a transbordés sur le bâtiment San Marco, où ils ont été examinés médicalement et où des photos signalétiques ont été prises par une équipe de la police.
La « nave madre » a coulé dans la matinée de dimanche, alors qu’un bâtiment de la Marine avait commencé son remorquage vers un port italien.
« Pour raisons de sécurité, l’Aliseo a abandonné le remorquage. L’embarcation, qui prenait visiblement l’eau, s’est dressée, s’est penchée sur son côté gauche et a sombré rapidement », a indiqué la Marine.
Le ministre de la Défense Mario Mauro, qui a effectué dimanche une visite sur l’île de Lampedusa, où débarque la plupart des migrants, a félicité la Marine militaire pour « l’excellent résultat » obtenu.
« La rapidité de l’intervention a été providentielle, car les conditions météorologiques en mer allaient empirer et l’embarcation où se trouvaient les immigrés, qui était très instable, aurait sûrement fait naufrage », a relevé le ministre.
Sur Twitter, le président du Conseil Enrico Letta, a félicité les marins italiens « pour avoir sauvé des centaines de vie ces derniers jours » et a annoncé qu’il se rendait dans la soirée à Malte, pour monter ensuite sur le San Marco.
Antonio Spampinato, commandant local des garde-frontières à Syracuse (Sicile), a expliqué à l’AFP que les passeurs utilisent un stratagème très lucratif: ils font monter un grand nombre de demandeurs d’asile sur de gros bateaux de pêche ou des navires cargos. Avant d’arriver dans les eaux territoriales italiennes, ils les transfèrent sur des embarcations plus petites qui les emmènent discrètement jusqu’à la côte.
Des circuits similaires sont utilisés depuis la Méditerranée orientale pour convoyer la drogue.
L’Italie a lancé en octobre l’opération « Mare Nostrum », renforçant son dispositif de secours en coordination avec l’Union européenne.
Un petit navire amphibie, deux patrouilleurs et deux frégates, plusieurs hélicoptères, dotés d’instruments optiques et à infrarouges, des drones italiens, sont notamment déployés.
Le lancement de « Mare Nostrum » a été décidé à la suite de deux naufrages qui ont fait respectivement plus de 364 victimes, près de l’île italienne de Lampedusa, et 36 morts près de Malte.