Leur étude, publiée lundi dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), est la première qui établit un lien entre ces zones où l’oxygène se raréfie et leur impact direct sur des activités économiques.
« De nombreuses études ont décrit les impacts écologiques de ces zones mais on n’était pas parvenu à établir un lien clair de cause à effet avec les pertes économiques subies par les activités de pêche », relève Martin Smith, professeur d’économie environnementale à l’Université Duke, en Caroline du Nord, principal auteur de ces travaux.
« Notre étude établit ce lien en montrant comment les zones mortes qui apparaissent de façon saisonnière au large de la Louisiane et du Mississippi font fluctuer les prix du marché des crevettes grises dans le Golfe, une prise économique importante », poursuit-il.
Ces zones mortes peuvent détruire la faune ou entraîner un fort ralentissement de la croissance des poissons et crustacés qui s’y trouvent.
Ainsi, les petites crevettes deviennent plus abondantes que les grosses: « Le prix des petites crevettes baisse et ceux des grosses crevettes monte, créant des perturbations sur ce marché à court terme que nous pouvons traquer », précise le professeur Smith.
Il note que les résultats de cette étude pourraient s’appliquer à d’autres activités de pêche commerciale ailleurs dans le monde où il y a des zones mortes.
Cette désoxygénation, provoquée naturellement par des phénomènes météorologiques extrêmes ou des courants océaniques particuliers, a toujours existé. Cependant, la situation s’empire depuis une trentaine d’années avec la pollution humaine, surtout d’origine agricole.
En 2003, un rapport de l’ONU estimait à 150 le nombre de zones mortes dans les océans. Cinq ans plus tard, un rapport de l’Institut de sciences marines de Virginie en comptait plus de 400, surtout dans le Pacifique du sud, la mer Baltique et le golfe du Mexique.