« On souhaite que l’Union européenne et la France s’intéressent au Pacifique, pas pour nos beaux yeux mais pour notre potentiel », a affirmé Tearii Alpha, ministre des Ressources marines, des mines et de la Recherche dans le gouvernement de Gaston Flosse.
« Ce potentiel à moyen terme, ce sont les terres rares », qui reposent dans les fonds marins et sont indispensables à la fabrication d’objets technologiques, a affirmé M. Alpha.
La Polynésie française, collectivité à la large autonomie, compte 5 millions de km 2 de territoire maritime, où la ressource halieutique est certes intéressante tout comme la biodiversité marine pour des déclinaisons pharmaceutiques mais qui comporte surtout des terres rares.
« Ca intéresse les Chinois, les Japonais, les Canadiens, ça intéresse ceux qui seront capables d’aller sous l’eau. Nous pensons que cela doit intéresser en premier la France et l’Union européenne », a souligné le ministre polynésien.
« Si l’UE et la France ne viennent pas, d’autres viendront ! Les Russes investissent le Pacifique, les Chinois et les Etats-unis aussi », a mis en garde M. Alpha. Il a précisé qu’une délégation chinoise de haut niveau était attendue en Polynésie dans les prochaines semaines, et que la prestigieuse université américaine de Berkeley administrait déjà depuis des années une station de recherche scientifique à Moorea.
« Si nous sommes là c’est d’abord pour dire que l’on n’a pas 20 ans devant nous! « , a expliqué le ministre, après des rendez-vous à Bruxelles à la Commission européenne, puis à l’Elysée et à Matignon. « Il faut commencer maintenant à réfléchir aux procédés, à l’ingénierie, pour exploiter dans 20 ans ».
De plus, développer un secteur minier innovant permettrait « de recréer une activité économique à long terme en Polynésie et donc de tourner définitivement la page du Centre d’expérimentation du Pacifique (pour les essais nucléaires) », a fait valoir Tearii Alpha.
« Nous avons contribué pour la Défense nationale, on souhaiterait contribuer au développement des technologies du futur au travers de ce potentiel minier », a-t-il insisté.
Le ministre espère que la Polynésie, ainsi que les autres collectivités françaises du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna), seront évoquées lors de la 41e Assemblée générale de la Conférence des régions périphériques maritimes (160 régions issues des 28 états membres de l’UE) fin septembre à Saint-Malo.
« Quand nous lisons les stratégies européennes pour 2020 et celle du gouvernement pour la +France 2025+, nous pensons que l’ambition maritime a sa place. Et que la Polynésie, avec ces 5 millions de km2, a naturellement sa place dans cette ambition », a conclu M. Alpha.