Mardi matin, le prix de vente en gros à la criée de Port-en-Bessin (Calvados) était de 3,18 euros le kilo, ce qui correspond à une quarantaine d’euros le kilo de noix décortiquées pour le consommateur, un niveau proche de celui atteint l’an dernier au lancement de la saison en Normandie.
Mais les tarifs avaient ensuite fortement baissé après les fêtes de fin d’année. Et les professionnels redoutent une réédition de ce scénario.
« Le prix s’est maintenu par rapport à octobre. Si on arrive à se maintenir à 3 euros après les fêtes, ce sera très bien », a souligné Arnauld Manner, directeur de Normandie Fraîcheur Mer, association régionale des professionnels de la pêche.
La saison de pêche à la coquille s’étale d’octobre à mai au large, et du 3 novembre à mi-mars sur le gisement de la baie de Seine, le plus prolifique au monde, situé entre le Cotentin et l’estuaire du Havre.
Le stock de coquilles totalise en 2025 « la deuxième meilleure série sur 50 ans » après les records de 2024, a expliqué à l’AFP Eric Foucher, chercheur en biologie halieutique à l’Ifremer qui mène une campagne d’estimation de population chaque année.
La filière de la coquille Saint-Jacques compte au total 800 navires et près de 3.000 pêcheurs en France. La saison 2024-2025 a atteint un sommet historique avec près de 48.000 tonnes de coquilles débarquées en France métropolitaine.
Pour M. Manner, cette ressource n’assure toutefois pas la pérennité du secteur et il redoute une nouvelle baisse des prix en début d’année prochaine.
« L’année dernière, le prix moyen était de 3 euros au kilo avant les fêtes, 2 euros après. Perdre un euro sur la saison fragilise l’équilibre économique », a-t-il souligné.
La période après les fêtes de fin d’année, où la consommation de Saint Jacques baisse drastiquement, était « traditionnellement moins pêchée » auparavant a rappelé Arnauld Manner, car la ressource était moins présente qu’aujourd’hui.
En janvier dernier, le nombre de jours de pêche par semaine avait été réduit de quatre à trois pour maintenir la rentabilité, selon M. Manner.
L’économie engendrée sur « l’usure du matériel et le carburant » avait augmenté les bénéfices, mais « on ne peut plus réduire cette durée de pêche », a-t-il affirmé.
La survie des entreprises n’est pas en jeu, selon lui, mais leur capacité à investir se réduit et l’entrée des jeunes sur le marché est plus difficile.
Par ailleurs, les bateaux « progressent en volume de capture sur la coquille Saint-Jacques » mais « baissent sur les autres espèces » et deviennent « Saint-Jacques-dépendants » : « si un jour la Saint-Jacques va mal, les entreprises iront mal », s’est inquiété M. Manner.
Cette dépendance à la coquille Saint-Jacques est à la fois « une force et une faiblesse pour le secteur » de la pêche locale, a estimé Dimitri Rogoff, président du comité des pêches de Normandie, qui souligne notamment que « les stocks de sole se sont effondrés ».




