La vie marine menacée par les rejets chimiques des pneus

Paris, 4 août 2022 (AFP) – La vie marine, déjà menacée par l’ingestion de microplastiques, est également altérée par les additifs chimiques contenus dans les plastiques, en particulier ceux des pneus et autres caoutchoucs, selon une étude de l’Ifremer qui a mis en évidence leur impact négatif sur la croissance des huîtres.

Pour évaluer l’impact de ces rejets, des scientifiques de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) « ont fait grandir en laboratoire des huîtres creuses — Crassostrea giga –, en présence d’un cocktail de composés chimiques (hydrocarbures et contaminants minéraux) issus de la poussière d’usure des pneus ».

« Ces contaminants diminuent le taux de survie des embryons et impactent lourdement la reproduction de ces huîtres », concluent les chercheurs. « Dans les concentrations les plus fortes, cette toxicité peut même conduire à la mort de la totalité des larves ».

« En présence des produits chimiques issus de pneus, la capacité respiratoire des huîtres a été réduite de 16%, et leur capacité à s’alimenter diminuée de moitié », explique Kévin Tallec, écotoxicologue qui a conduit cette étude, dans un communiqué. « Elles ont alors moins d’énergie pour se consacrer à des fonctions essentielles, comme leur croissance, ou même pour résister aux maladies et autres agressions extérieures », ajoute-t-il.

Les huitres, capables de filtrer des dizaines de litres d’eau par jour, sont un outil idéal pour étudier l’impact de la pollution des mers dans lesquels se déversent des millions de tonnes de plastique chaque année.

Or, les additifs chimiques représentent environ 7% de la masse des plastiques, une proportion qui monte jusqu’à 50% dans le caoutchouc des pneus, un temps utilisés en masse en France pour former des récifs artificiels.

« La prochaine étape, c’est d’évaluer et comparer la toxicité des différents caoutchoucs que l’on fabrique, pour la biodiversité et pour l’Homme, afin de développer des produits plus sûrs », commente Arnaud Huvet, biologiste à l’Ifremer, qui poursuit la recherche sur « d’autres types de plastiques de notre quotidien sur la vie marine, comme les microfibres textiles ».

Les effets de cette pollution s’ajoutent à ceux, mieux documentés, de la dégradation des déchets plastiques de grande taille, qui se fragmentent en microplastiques et sont ingérés par les moules et autres organismes marins à cause de leur taille proche de celle du plancton.

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