Baja Ferries sera candidate à une reprise de la flotte si la société est placée en redressement judiciaire, solution privilégiée par l’actionnaire principal Transdev, ainsi que par le Premier Ministre Manuel Valls.
Selon M. Berrebi, « on ne peut plus échapper à la solution de discontinuité », c’est-à-dire le placement en redressement judiciaire, avant de créer une nouvelle société, libérée du poids des aides à rembourser.
Néanmoins, si la SNCM n’est pas placée en redressement judiciaire, Baja Ferries sera candidate pour entrer dans l’actionnariat, « si une solution est trouvée pour les amendes » demandées par Bruxelles dans deux dossiers, et dont le montant total s’élève à 440 millions d’euros.
La Cour de Justice de l’Union Européenne a confirmé jeudi la condamnation dans un de ces dossiers, et la SNCM devra donc rembourser 200 millions d’euros à l’Etat. L’autre dossier est en cours.
« J’ai eu accès à la +data room+ (salle des données, ndlr), et discuté avec Transdev et l’Etat en mai-juin », a indiqué à l’AFP Daniel Berrebi, qui dit avoir « une idée de l’entreprise telle qu’elle est aujourd’hui et telle qu’on voudrait la monter ».
« Nous allons racheter la flotte, pas la société. On amènera des fonds propres, le fonds de roulement nécessaire », a-t-il ajouté, sans en préciser le montant.
Pour lui, les difficultés de la SNCM viennent notamment du fait qu' »il n’y a jamais eu d’armateur à la tête de la SNCM, (et que) il n’y a pas eu d’actionnaire qui connaisse le maritime depuis la privatisation ».
Son plan, s’il est retenu, est de développer la desserte du Maghreb au départ de Marseille, y compris en créant une ligne vers le Maroc.
Il explique vouloir « reconstituer une entreprise qui respecte les critères de Bruxelles: un nombre de personnels réduit, un peu plus de 1.000 personnes au lieu de 1.500 aujourd’hui, l’abandon des lignes non-rentables, Nice et Toulon, en faisant de Marseille le +port-phare+, et maintenir l’activité de la délégation de service public (DSP) (vers la Corse, ndlr) si elle est reconduite ».
Mais « il n’est pas question pour nous, pour l’instant, dans les prochains 18-24 mois, de commander des bateaux neufs », souligne-t-il, préconisant un achat plus tardif, de bateaux « adaptés aux spécificités de chaque ligne ».
Pour attirer et fidéliser la clientèle, il compte développer le service à bord, et faire grimper le chiffre d’affaires avec de la vente additionnelle.
Les syndicats craignent que le placement de la société en redressement judiciaire ne soit le prélude au démantèlement de la compagnie: « on demande (…) que le spectacle de Daniel Berrebi soit pris pour ce qu’il est : une tentative de pillage », selon le délégué syndical CFE CGC Maurice Perrin.
« Partout où j’ai été, j’ai créé, pas pillé », a commenté l’intéressé.