« Vingt-cinq corps ont été repêchés ce matin aux abords de l’île Sainte-Marie, probablement à cause des courants marins. Ce qui porte le total des morts à 64 », a confirmé à l’AFP le général de gendarmerie Zafisambatra Ravoavy.
Le navire naufragé avait embarqué lundi matin quelque 130 passagers, dont 50 ont pu être sauvés, selon un bilan actualisé mercredi. Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver la quinzaine de personnes toujours portées disparues, mais l’espoir s’amenuise plus deux jours après le naufrage.
Ce bateau en bois de transport de marchandises était parti lundi matin de la petite localité d’Antseraka en direction de Soanierana-Ivongo, près d’une centaine de km plus au sud, et s’est échoué tout près de sa destination.
Le navire n’était pas autorisé à embarquer des passagers, ont affirmé les autorités maritimes.
Selon un responsable maritime, qui refuse d’être identifié, la plupart des survivants étaient installés sur le pont du bateau.
« Je suis allée sur la plage ce matin. Le cimetière du village est trop petit pour accueillir tous les corps, ils sont dispatchés dans les villages aux alentours », témoigne auprès de l’AFP Jocelyne Kalou, gérante de l’hôtel Le Fumet à Soanierana-Ivongo.
« J’ai aidé à transporter 39 cadavres avec des camions jusqu’au village », explique le maire de la même localité, Alban Menavolo, 32 ans.
« Les familles des victimes sont déjà là, mais certains n’ont pas de famille. Beaucoup de victimes sont originaires d’ici, j’en connaissais quelques unes. Les gens sont éplorés », ajoute-t-il d’une voix triste.
– « D’autres cadavres encore » –
« Les enterrements sont finis, on attend maintenant les autres cadavres trouvés (mercredi matin) à Sainte-Marie. Je suis très fatigué, il faut supporter la peine de toute la communauté. C’est très rare un drame pareil », ajoute-t-il.
Selon les premiers éléments de l’enquête, « le moteur aurait eu un problème technique », a expliqué Adrien Fabrice Ratsimbazafy, de l’Agence portuaire maritime et fluviale (APMF). « Le bateau s’est retrouvé à la merci des vagues et s’est échoué sur un récif », avant de prendre l’eau.
Lundi soir, un hélicoptère, parti de la capitale de la capitale Antananarivo pour se rendre sur la zone du naufrage, s’est écrasé en mer, avec à son bord le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, le général de gendarmerie Serge Gellé.
Ejectés de l’appareil, M. Gellé et un gendarme ont survécu, en nageant près de douze heures pour rejoindre le rivage. Deux autres gendarmes, dont le pilote, sont portés disparus.
Le général Gellé et le gendarme survivants ont été retrouvés séparément mardi matin par des riverains sur la plage de Mahambo, à environ 75 km au nord de Toamasina, la grande ville portuaire de l’est malgache, selon le directeur de l’autorité maritime, Jean-Edmond Randrianantenaina.
Un second hélicoptère, transportant de son côté le Premier ministre Christian Ntsay et le ministre de la Défense Richard Rakotonirina, était lui arrivé sans encombre.
« Mon tour de mourir n’est pas encore arrivé, merci à Dieu » et « aux villageois et aux pêcheurs de Mahambo », avait déclaré dans une vidéo diffusée en ligne mardi Serge Gellé 57 ans, secouru par la population locale.
Les trait tirés, le ministre, vêtu d’un treillis et allongé sur un matelas de plage, avait précisé n’avoir « aucune blessure, seulement froid ». « Je pourrai reprendre le travail d’ici 24 heures », a-t-il assuré, un brin bravache.
Le président Andry Rajoelina a décrété jeudi journée de deuil national, pour marquer ce double drame.