Le carbone noir, fléau climatique pour l’Arctique

Londres, 10 juin 2021 (AFP) – Le carbone noir, nom donné aux particules polluantes provenant notamment du fioul lourd qui propulse les navires, se retrouve sur la calotte glaciaire de l’Arctique et contribue à l’accélération de sa fonte.

Sian Prior, conseiller principal de l’ONG Clean Arctic Alliance, appelle les membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) qui entament jeudi un cycle de réunions pourraient à légiférer sur le sujet. Il faut préciser que les bateaux ne sont pas la seule cause.

Question: Quel est le lien entre trafic maritime et carbone noir?

Réponse: Les navires utilisent généralement pour leur propulsion le combustible le moins cher et le plus polluant issu du raffinage du pétrole, le fioul lourd (HFO).

Lorsque les bateaux brûlent du HFO, ils produisent des particules de carbone noir qui sont émises dans l’environnement par leurs gaz d’échappement.

Elles se déposent ensuite sur la neige ou la glace avec pour effet de réduire la réverbération. L’absorption de chaleur est donc plus importante, ce qui entraîne une accélération de la fonte des glaces.

S’il n’est pas à proprement parler un gaz à effet de serre, le carbone noir contribue bien au réchauffement climatique d’origine humaine, en particulier dans l’Arctique où son impact est amplifié par la présence de neige et de glace.

Le transport maritime n’est pas le seul responsable, les émissions de particules de carbone noir sont également émises par l’industrie énergétique, mais aussi les feux de forêt ou encore les poêles à bois.

Le carbone noir a également un impact négatif sur la santé humaine et est responsable des maladies respiratoires et de décès prématurés.

Q: Pourquoi est-ce important de s’attaquer aux émissions de carbone noir en Arctique ?

R: Lorsqu’il tombe sur de la neige ou de la glace, le carbone noir a un impact sur le réchauffement 7 à 10 fois plus important que sur la terre.

Environ 7 à 21% de l’impact de la navigation sur le réchauffement climatique mondial peut être attribué au carbone noir, le reste étant lié aux émissions de CO2.

Les émissions de carbone noir dues au transport maritime ont déjà augmenté de 85% entre 2015 et 2019.

L’augmentation du transport maritime dans la région, rendu plus favorable par ses premiers dégâts – la fonte des glaces et l’ouverture de routes maritimes – entraînera de nouvelles augmentations des émissions de carbone noir, accélérant un cercle vicieux.

Q: Que peut faire l’Organisation maritime internationale (OMI) ?

R: La solution est simple: en incitant l’industrie du transport maritime à utiliser des carburants distillés, tels que le gazole ou le gazole marin (MGO), ou d’autres sources d’énergie plus propres, les émissions de carbone noir dans l’Arctique seront immédiatement réduites de 44%.

En outre, les navires utilisant du gazole ou du MGO devraient être également tenus d’installer et d’utiliser des filtres à particules, ce qui réduirait les émissions de carbone noir de plus de 90%.

En imposant un changement de combustible, l’OMI – et le secteur du transport maritime – pourrait remporter une victoire facile en réalisant une réduction importante des émissions de carbone noir dans l’Arctique.

Ce serait également une victoire pour le climat à l’échelle mondiale, pour l’Arctique et pour les personnes dont la subsistance dépend de son écosystème.

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