Le coût du canal Seine-Nord Europe fortement abaissé, début possible du chantier en 2015

Au lieu de 7 milliards d’euros prévus par le premier projet de partenariat public privé (PPP), avec un financement de 6% par l’Union européenne, « le projet reconfiguré ne coûterait plus que 4,4 à 4,7 milliards d’euros hors taxe, dont 40% couvert par le budget européen », a déclaré à l’AFP le député-maire de Maubeuge Rémi Pauvros (PS), au terme de la mission qui lui a été confiée en avril par le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier.

« Je propose que la réalisation des 106 km entre Compiègne (Oise) et Douai (Nord) soit confiée à un maître d’oeuvre public, sous la forme d’une société de projet », a-t-il ajouté.

« Ma proposition est de démarrer en 2015 ou 2016 pour terminer en 2022 ou 2023, 2014 devant servir à une étude complémentaire publique à faire pour la modification des aménagements sur le tracé, d’où viendraient pour l’essentiel les économies », a encore indiqué M. Pauvros.

Le projet de nouveau canal entre l’Oise et l’Escaut a été retenu en octobre par l’UE comme l’un des cinq grands chantiers du « mécanisme d’interconnexion pour l’Europe » à favoriser, éligible aux subventions européennes dans la période 2014-2020.

Résultat, la part de l’Etat, de 4 milliards d’euros dans la première mouture, ne serait plus que d’un milliard dans cette nouvelle configuration.

L’UE interviendrait donc à hauteur de 2 milliards et les collectivités locales de Picardie, Ile-de-France et Nord-Pas de Calais, qui ont promis de doubler le montant promis à l’origine, d’un milliard d’euros, tout comme l’Etat. Le solde, soit 500 millions d’euros environ, serait apporté par des prêts longue durée (40 ans) et à très bas taux d’intérêt de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de la Caisse des dépôts et consignations, a expliqué le député.

« On ne peut pas aller plus loin pour réduire la part de l’Etat », a estimé M. Pauvros.

Tout en soulignant que la décision finale de soumettre le projet à la Commission européenne l’an prochain appartient au gouvernement, M. Pauvros estime que le rapport qu’il rend « met de la cohésion et de la cohérence dans ce projet, démontre sa faisabilité économique et crée les conditions de sa réalisation ».

Dans une lettre ouverte au président François Hollande publiée lundi, une soixantaine de responsables politiques, chefs d’entreprise et dirigeants de chambres de commerce du nord de la France et de Belgique ont appelé à l’ouverture rapide du chantier du canal qui permettrait la navigation de barges de 4.400 tonnes et 185 mètres de long, avec à la clef la création de dizaines de milliers d’emplois potentiels.

« Le projet n’est pas révisé à la baisse », a souligné M. Pauvros.

Les économies viendront d’abord de la disparition des frais financiers de 1,5 à 2 milliards d’euros, assurances comprises, que les sociétés Bouygues et Vinci candidates au PPP prévoyaient pour couvrir leurs emprunts.

Parmi les pistes identifiées dans le rapport pour réduire les coûts, figurent la possibilité d’utiliser sur une dizaine de km un tronçon élargi du canal du Nord actuel, ainsi que la diminution du nombre d’écluses, qui passerait de sept à six.

Ne pas construire immédiatement les quatre plateformes multimodales prévues dans le PPP au coût de 320 millions d’euros, est un autre élément clé, qui ferait économiser environ 200 millions d’euros. Pour M. Pauvros, l’un des piliers de son rapport c’est l' »approche progressive ».

Sur les quatre plateformes, deux au moins ont de bonnes chances d’être réalisées: à Nesle, dans la Somme, où les céréaliers picards ont le projet de construire un port privé, qui pourrait aussi servir aux industries agroalimentaires voisines, et à Cambrai-Marquion, à cheval sur le Nord et le Pas-de-Calais.

Les secteurs de l’automobile, de la grande distribution et de la récupération sont, selon M. Pauvros, également très demandeurs.

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