Cette décision fait suite à la publication jeudi d’un grand titre, « Il est parti et nous, on est toujours là… », en Une. Il s’accompagnait d’une photo montrant deux personnes, de dos, regardant passer des policiers en patrouille dans une cité, 48 heures après la visite surprise mardi à Marseille du président de la République pour lancer une opération décrite comme sans précédent contre le trafic de drogue.
Dans un encart « A nos lecteurs » publié vendredi en Une du journal, le directeur de la publication, Gabriel d’Harcourt, présente les « plus profondes excuses » du journal suite à cette publication, qui a « induit en erreur nos lecteurs ».
« Cette citation en Une et la photo d’illustration qui l’accompagnait ont pu laisser croire que nous donnions complaisamment la parole à des trafiquants de drogue décidés à narguer l’autorité publique, ce qui ne reflète en rien les valeurs et la ligne éditoriale de votre journal », écrit-il.
En pages intérieures, dans un des articles sur les suites de la visite présidentielle, titré « La Castellane, le jour d’après », cette citation était attribuée à un habitant de cette cité paupérisée: « C’est drôle, réagit Brahim, hier (mardi) ils ont trouvé tous les moyens nécessaires pour encadrer la visite du président. Il est parti, et nous on est toujours là, dans la même galère ».
D’autres articles évoquaient la « guérilla sur le terrain de la com' » entre dealers et ministère de l’Intérieur, ou « les coulisses d’un show présidentiel improvisé ».
« Le reste du traitement rédactionnel est très bon », a déclaré M. d’Harcourt à l’AFP, en confirmant cette mise à pied annoncée par le syndicat majoritaire SNJ. Mais même si la citation est correctement attribuée en page intérieure, « le problème vient de la construction de la Une, qui peut entraîner cette interprétation », notamment avec un surtitre « Narcotrafic: 24 heures après la visite du président à la Castellane », a-t-il dit.
« On a l’impression qu’on est porte-parole des dealers », ce qui « est contraire à nos valeurs et au rôle que l’on veut jouer à Marseille et dans la région », a ajouté M. d’Harcourt.
Le syndicat majoritaire SNJ, selon lequel « la rédaction est scandalisée » par cette décision a indiqué à l’AFP qu’une Assemblée générale du personnel avait été convoquée vendredi à la mi-journée, pour décider d’éventuelles actions.