Le Drian: vers de nouveaux crédits budgétaires aux armées

« La situation des menaces nous amène à être présent sur tous les terrains » et va « impacter à la hausse les effectifs de la force opérationnelle terrestre qui est aujourd’hui de 66.000 hommes », a expliqué M. Le Drian, lors d’une séance publique au Sénat sur l’actualisation de la Loi de programmation militaire (2014-2019).

« Si on augmente les effectifs, en particulier pour l’armée de Terre – il y aura aussi des recrutements nécessaires dans le renseignement, la cyberdéfense – ce coût ne rentre pas obligatoirement dans l’enveloppe des 31,4 milliards d’euros » de budget prévus chaque année par la LPM, a souligné M. Le Drian.

Depuis les attentats de janvier, l’armée est mise à contribution à hauteur de 10.000 hommes pour la protection du territoire national, un effort significatif qu’elle va devoir maintenir sur le long terme. Elle déploie aussi en permanence environ 9.000 hommes dans des opérations extérieures, principalement pour lutter contre les groupes islamistes armés.

M. Le Drian a validé jeudi un plan de réorganisation de l’armée de Terre (« Au Contact! »), présenté par le chef d’état-major de cette armée, le général Jean-Pierre Bosser, intégrant ces nouvelles missions de défense nationale et mettant l’accent sur les forces spéciales, le renseignement et l’aérocombat, a-t-on précisé au ministère de la Défense. Ce plan sera présenté en mai, a-t-on ajouté sans plus de précisions.

Pour faire face à ces nouveaux besoins, le président François Hollande a demandé de revoir à la baisse les réductions d’effectifs prévues dans les armées, qui paient un lourd tribut aux efforts budgétaires du gouvernement depuis plusieurs années.

Jusqu’à 18.000 postes pourraient être maintenus sur les 24.000 qui devaient être supprimés sur trois ans, a-t-on indiqué au ministère de la Défense. Il pourrait en résulter un surcoût de plusieurs centaines de millions d’euros par an.

Daniel Reinier, sénateur socialiste, a demandé que le budget de la Défense soit « abondé uniquement par des crédits budgétaires » et ne dépende plus en partie de recettes exceptionnelles (vente de fréquences hertziennes, autres cessions d’actifs (…) qui ne sont pas toujours garanties.

« Le caractère aléatoire de ces recettes exceptionnelles ne peut plus convenir à un budget sanctuarisé comme celui de la Défense (…) Je crois savoir qu’une réflexion sur ce sujet est en cours, y compris au ministère de l’Economie et des Finances », a indiqué M. Reinier, sans plus de précisions.

M. Le Drian s’est voulu rassurant sur les sociétés de projet qui doivent permettre aux armées de louer des équipements militaires (Airbus A400M et frégates), faute de budget pour les acheter, à une société publique spécialement créée à cet effet.

Ce montage financier, que Bercy juge coûteux, a été conçu pour compenser le très probable report de la vente de fréquences militaires hertziennes qui devaient rapporter 2,2 milliards d’euros en 2015.

« Il faut lever une ambiguïté pour ceux qui pensent que c’est de l’acrobatie financière, voire de la cavalerie, comme je l’ai entendu », a noté M. Le Drian. Le projet repose sur des pratiques qui font « partie de la vie quotidienne de l’action de l’Etat », a-t-il dit.

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Jean-Pierre Raffarin, a pris le parti du ministre face à Bercy. « Nous sommes prêts à vous soutenir, nous ne voulons pas que le Parlement bloque une solution qui permettrait d’atteindre le financement de la loi de programmation », a-t-il dit.

L’ex-Premier ministre a réclamé toutefois « plus de clarté » sur ce projet et « des solutions moins aléatoires pour le financement de la Défense nationale ».

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